Découvertes gallo-romaines effectuées à Angoulins...

Episode 1 : Résumé des conditions de l'intervention.
Sur la côte méridionale d'Angoulins, la zone comprise entre Loiron et Les Coudrans fait l'objet, depuis quelques années déjà, d'une étude approfondie de la part de l'association Expression-Hist.
A ce titre, diverses mises au jour de mobilier archéologique d'époque gallo-romaine ont d'ores et déjà pu être recensées et ont débouché sur plusieurs études et inventaires. D'ailleurs, concrètement, nos travaux ont pu aboutir au renseignement de la carte archéologique que gère le Service régional de l'archéologie du Poitou-Charentes (DRAC).
C'est dans ce contexte, que fut déposé dans le début de l'année 2007, une demande de permis de construire en plein coeur de la zone archéologique étudiée. Ce projet n'échappa pas à la vigilance de notre cellule de veille, qui porte une attention toute particulière à ces sujets.
C'est alors, et sur les conseils du Service régional d'archéologie, que l'association Expression-Hist a envisagé de mener des observations non intrusives lors des travaux de construction projetés par les propriétaires à l'origine de la demande.
Une requête motivée leur fut donc adressée, sollicitant leur accord de principe. Avec bonheur, nous avons alors reçu un accueil tout particulier de M. et Mme Odille dont la gentillesse, l'intérêt et la bienveillance nous ont permis de planifier librement notre intervention.
C'est ainsi, et grâce au professionnalisme de l'entreprise chargée des travaux mais aussi et surtout grâce au renfort, plus que précieux, des membres de l'association Archéaunis, que nous avons pu procéder à :
- quelques constatations préalables sous forme de mini-sondages pour les espaces voués à une destruction certaine (cave, garage etc...)
- des observations, relevés, photographies et du recueil de mobilier lors du décapage de la parcelle et du creusement des tranchées de fondations qui nous ont permis une lecture très instructive du sol et sous-sol de la parcelle.


Episode 2 : L'intervention terrain.
Suite à la réception favorable de notre demande, nous avons donc rencontré M. et Mme Odille les propriétaires de la parcelle. Lors de cette entrevue préparatoire nous avons pu régler les conditions de notre intervention mais surtout rassurer nos interlocuteur sur la nature de notre démarche. Il était en effet primordial, pour nous, de n’interférer en rien dans le calendrier du chantier de construction, et ce quoique l’on découvre.C’est pourquoi pour respecter scrupuleusement cet engagement, il a fallu compter sur :- la grande confiance accordée des propriétaires, qui nous ont laissé un accès plein et entier au chantier- la réactivité et l‘efficacité des fouilleurs bénévoles qui sont : Georges, Michel, Thomas, Danièle, Marie-Claude, Nadine, Christian, Sidney, Marc, Denis, Hugo et Nathalie.- la logistique et le petit matériel (truelles, seaux, mires, balayettes, rasettes, sacs, etc...) fourni par l’association Archéaunis.C’est ainsi que Denis Briand, rapporteur du suivi auprès d‘Eric Normand du Service Régional d’Archéologie, a pu assurer, pendant plus de trois semaines non stop, une présence continue, avec cet appui et ce relais inestimable des membres de l’association Archéaunis. Au premier rang de ceux-ci, Georges Durand et Michel Enet se sont vraiment pleinement investis et ont su distiller de précieux conseils tout au long de l‘intervention.De la sorte, toutes les opérations de relevé, de photographie, de sondage, et de recueil de mobilier ont eu bon train, se calquant sur le rythme imprimé par l’entreprise de maçonnerie en charge de l’arasement du terrain et du creusement des tranchées de fondations. Notons ici que Yann et Luc ont été très soucieux de nous mettre dans les meilleures conditions a fin que nous puissions effectuer nos observations.
C’est ainsi que nous avons pu constater divers faits archéologiques sous l‘oeil surpris mais néanmoins intéressé de M et Mme Odille. Nous vous révélerons le détail de ces mises au jour dans le prochain épisode...

Episode 3 : Les découvertes effectuées :
Observations lors de l'arasement de la parcelle.
Afin de mettre le terrain de niveau, l'entreprise en charge des travaux de construction a dû, avant toute chose, procéder au décapage de la terre végétale. Pour nous, ce fut alors une très bonne occasion de vérifier la présence d'indices. En effet, à l'instar des méthodes pratiquées en archéologie préventive, la lecture de la présence de vestiges se fait principalemement dans l'observation des variations des couleurs du terrain. Ces dernières sont révélatrices de structures en creux ou bien de maçonneries qui ressortent alors par rapport à l'uniformité naturelle d'un sol.A ce stade, l'observation nous conduisit à repérer trois zones, a priori, digne d'intérêt:- la première à l'Ouest était suggérée par une grande trainée blanchâtre autour de laquelle on observa une assez importante quantité de tuiles romaines brisées. Cet état suggérait l'existence d'une couche de démolition auprès d'un ancien mur.- Au Nord ensuite, où le décapage mit au jour une grande concentration de tessons de céramiques gallo-romaines mélés à divers déchets culinaires. Immédiatement la présence d'un dépotoir fut envisagée.- A l'Est, enfin, où de grosses pierres affleurant laissaient supposer les traces d'une maçonnerie quelconque...
Conduite de deux sondages.
A l'Ouest comme à l'Est, deux sondages furent entrepris afin de mieux appréhender les deux zones révélées lors du décapage et promises à une destruction (puisque se trouvant précisément aux emplacements respectifs d'une cave et d'un garage). Cette démarche nous permit alors de comprendre la vraie nature des structures suggérées à savoir :- A l'Ouest, un mur avec un alignement parallèle de grosses pierres plates, au centre d'une couche de démolition dans laquelle divers éléments d'architecture étaient piégés (fragments d'enduits peints,tuiles, morceaux de colonnettes, pierres taillées, carreaux de marbre, etc...)- A l'Est, un mur.
Observations lors du creusement des tranchées de fondation de la maison.
Notre suivi pris vraiment corps à ce stade des travaux de construction. Le nombre et l'orientation des tranchées envisagées permirent une lecture assez exhaustive de l'ensemble de la parcelle. Et c'est ainsi qu'au fil de l'avancement du creusement du réseau de tranchées nous avons pu observer sous les coups de godets de la pelleteuse :- la confirmation du dépotoir d'époque gallo-romaine repéré lors de la phase de décapage- l'existence d'une seconde zone dépotoir de même époque- la présence de deux importantes fosses (/puits) comblées avec divers fragments d'architecture et du mobilier d'époque gallo-romaine (morceaux d'amphores, éléments céramiques etc...)
- et, découverte la plus remarquable, la mise au jour d'un surprenant bassin gallo-romain en béton rose garni de boudins d'étanchéité aux angles. A noter que cette structure a servi de dépotoir lors de son abandon et a donc livré une quantité notoire de mobilier céramique.
L'étude post-suivi - actuellement toujours en cours - de l'ensemble des éléments recueillis (tessons de céramiques, enduits peints, fragments d'architecture, restes de malacofaune, instrumentum, etc...) promet d'apporter de très riches enseignements sur l'occupation gallo-romaine à Loiron II.
L'étude post-suivi - actuellement toujours en cours - de l'ensemble des éléments recueillis (tessons de céramiques, enduits peints, fragments d'architecture, restes de malacofaune, instrumentum, etc...) promet d'apporter de très riches enseignements sur l'occupation gallo-romaine à Loiron II.

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