Lieux-dits maritimes d'Angoulins du XVIIe S. à nos jours


Carte topographique et toponymique de l'estran angoulinois XVIIe-XXIe S. (DAO D. Briand)


Les anses, banches (bancs de marne argileuse), rochers, les pointes littorales sont très souvent désignées par l'emploi de vocables afin de situer de vieilles pêcheries, localiser des sites de pêche au filet, ou tout simplement pour se repérer sur l'estran angoulinois. Nous avons tenté de faire la liste de ces divers toponymes, quelque fois de comprendre leur variantes et leur significations, et surtout de repréciser leurs emplacements géographiques sur une carte ad hoc. 

La partie septentrionale du littoral d'Angoulins est pour sa part assez indigente en appellations. Le « platin d'Angoulins » (cette vaste terre basse sablonneuse d'environ 2,5 km2 aussi connu sous le nom de platin d'Aytré) est autrefois désignée sous le nom de « Couëtchaud ». Ce toponyme est en fait une déformation de « coi de Chau » (le coi étant l'étier qui écoule les marais à la mer). De nos jours, le nom « Couëtchaud » / « coi de Chau » vit toujours dans le nom de « Godechaud », le nom de l'anse qui se trouve au Nord-Est du platin près des parcs de « Luçonne ». A l'Est de cette étendue de sable, nous connaissons toujours sur les cartes actuelles deux lieux dits reculés : « Le Chassara » et « Le Florin ». Ils encadrent un site encore plus ancien appelé « le Petit Anon » qui lui tient probablement son nom de l'ânon ce petit poisson à la raie noire caractéristique. En repartant vers le Sud, la grande banche, qui part du « Chassara » et accueille aujourd'hui les parcs ostréicoles, est connue au XVIIIe siècle sous le vocable de « Brisacier ». D'ailleurs, la pointe Nord du Chay, connue de nos jours sous le nom de « pointe de la Barbette » fut aussi désignée sous le nom de « pointe du Brisacier ». L'origine de ce terme ne fait pas de mystère. Le Chay trouve diverses variantes : Ché, Chef, cha tous désignant le cap, la pointe de terre avançant en mer. Près de la côte, deux anciens lieux d'atterrage sont à signaler : le « port de la Vinette » à l'embouchure de la prise des marais et le « port de la Connilière »(« Covillière » ou « Couvillière » selon certains actes). Nous ne reviendrons pas sur l'historique de ces deux sites que nous traiterons par ailleurs, mais seulement sur les toponymes en eux-mêmes : « la Vinette » ayant sans aucun doute trait au vin qui se chargeait là ; « la Connilière » (aujourd'hui déformée en « la Colonelle ») est en fait la garenne du Pont de la Pierre toute proche où se trouvent les connils c’est à dire les lapins. Chaque échancrure de l'estran en face de la pointe occidentale du « Chay » est comme autant de lieux-dits. « Le Tétaud » (petit tête) et « Les Varnelles » encadrent, par exemple, « le Renclos » (in situ l'appellation prend tout son sens en embrassant ce grand enclos naturel formé par les rochers). « La Grande Eguille » est, elle, l'avancée la plus saillante de la banche juste en face de la corne Ouest (dite de « Grouin du Chay », le grouin étant le cap, l’avancée en mer). « Le fond du Ché », « la Grande Belette », « la Petite Belette » et « le Grand Coivre », sont des avancées de la banche vers l'Ouest à partir de la corne Sud du Chay (cette dernière appelée aujourd’hui « la pointe de la Belette »). En face de cette dernière, s'ouvre la côte méridionale d'Angoulins. Sur la partie de la plus occidentale de cette zone, deux longs rochers plats découvrant lors des forts coefficients des marées encadrent « La Pantarde » : il s'agit de « la banche à Chauveau » et celle du « Petit Coivre ». Selon la légende, ce dernier site abriterait bien des secrets (voir l’un de nos articles sur la cloche du Petit Coivre). En retournant vers le littoral, s'ouvre l'anse de « La Platerre » (ou « anse du Chay ») autrement dit « de la Platière » (nous relevons aussi « la Platelle »). Ces termes font tout simplement référence à l'étendue des marais plats d'Angoulins. Sous « la pointe des Chirats », s'enchainent ensuite « les Petits Bancs », « les Grands Bancs » et « le Mange-Tout ». Ce dernier est un gros rocher en forme de V qui s'ouvre face au large. Plus à l'Est, se tient la banche du « Grand Nourd » (actuel « Grand Nord »), qui tient probablement son nom de la banche même : un « nour » étant le synonyme vernaculaire du mot rocher (à noter qu'une « nore » est aussi un réservoir à coquillages). Il s'agit du grand banc parallèle aux falaises des « Chirats » sous lesquelles se tient le lieu-dit de « Saint-Nazaire ». Le site dit du « Taffraut » donne quant à lui son nom à un groupe de rochers et à une banche. Face à l'actuel port et anse de « Loiron », les locaux parlent du rocher de « Chaucre rouge » (ou « chancre rouge », le chancre étant un crabe), des « Courts Cailloux » et plus loin, de « La Menoise » (nous relevons aussi « La Monnoise »). Sur le littoral, la « Chaume de Vinaigre » ferme « l'anse d'Angoulins » qui part de « Loiron » passe par « La Manon » et donne son nom au port et à la pointe du même nom (là aussi le lieu-dit fait allusion au commerce du vin). La « pointe de Vinaigre » ou « de Vinaigro » est aujourd'hui connue comme pointe de « la Motte Grenet » (autrefois « Motte Garnier ») laquelle abrite vers l'orient, l'anse et les rochers de « la Demi-Lune ». Il faut ensuite partir vers le coi et l'anse de « Saint-Jean-du-Sable » (du nom de l'ancienne chapelle Saint-Jean autrefois édifiée sur le rocher aujourd'hui détruit et connu plus vulgairement sous le vocable de « rocher des Anglais » ou de « grosse roche de Saint-Jean ») pour trouver d'autres toponymes maritimes. Nous plaçons ici l'ancien port de « la Chenau Neuve » (rencontré sous diverses variantes orthographiques faisant, toutes, référence au canal/chenal ouvrant sur Saint-Jean des Sables). « Les Jardinets » et « les Petites bourgnes » (du nom d'anciennes écluses à poissons) s'arrêtent avant l'immense « banche du Plein ». Celle-ci est encadrée à l'Ouest par les « Quatre Chirons » (quatre gros rochers) et « la banche de Jean Rouet », au Sud par « la Petite Banche » et le site dit de « Madame Larcher » (la famille Larcher est une famille locale de bourgeois de la fin du XVIIe siècle alliée aux Oualle), à l'Est par les « Grandes Bourgnes » (ou « la Grande Borgne », appellation d’une ancienne pêcherie) et la « Banche de Saint-Jean ». En partant vers Châtelaillon, nous trouvons encore la banche et le bec de « Samain » et un autre « Jardinet » qui est parfois dénommé « la banche de Nourvers ». Enfin, un petit havre angoulinois, attesté par les textes mais dont la localisation précise ne peut être donnée aujourd'hui, est enfin à signaler : il s’agit du port de « Sainte-Catherine-des-Moulins-Neufs ».


Note de Denis Briand

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