L'église d'Angoulins (article de Sud-Ouest)

Des fouilles archéologiques, qui ont été menées à la mi-octobre 2011 dans l'église Saint-Pierre-ès-Liens d'Angoulins, ont permis d'améliorer les connaissances sur son existence.
« En commençant les fouilles, nous espérions trouver des vestiges de l'an 1000, explique Ludovic Soler, archéologue au Service départemental de l'archéologie, qui a mené les recherches. Mais nous n'avons pas eu de réussite. En revanche, nous connaissons désormais mieux la période allant du XVe au XVIIIe, surtout les deux premiers siècles. »
Retracer le passé est parti d'une nécessité actuelle. Saint-Pierre-ès-Liens ne possède qu'une entrée. Pour des raisons de sécurité, il en faudrait une seconde. La porte ouest, condamnée depuis le XVIIe siècle, va donc se rouvrir. Le public pourra ainsi découvrir la basse église, elle aussi fermée depuis trois-cents ans. Pour cela, il faudra encore daller le sol en terre battue. Mais il fallait auparavant réaliser des sondages archéologiques pour savoir ce qu'il y a dessous.
Le sol 2 mètres plus bas
« Avec une mini-pelle, nous avons creusé quatre trous de 2 mètres sur 1,50 m au pied des murs et des colonnes, indique Ludovic Soler. À 2 mètres de profondeur, nous avons atteint la base des piliers, qui sont sculptés. Première conclusion, le sol se situait donc 2 mètres plus bas au XVe siècle après - déjà - une restauration de l'église. » Une bulle du pape Sixte IV, datée de 1481, en fait mention.
« Nous en avons tiré une seconde conclusion. La porte ouest, gothique, a été surélevée d'autant pour atteindre le niveau actuel ». À quoi est due cette surélévation ? « Probablement aux guerres de religion, répond l'archéologue. Au XVIe siècle, des églises ont été abandonnées et d'autres mises à sac par des protestants. Saint-Pierre-ès-Liens a dû connaître ce sort car nous savons qu'au XVIIe siècle, sa voûte était effondrée. Or, au cours de nos fouilles, nous avons trouvé deux types de matériaux : des blocs de pierre dont certains étaient sculptés et qui pourraient composer celle-ci et du remblai, mélange de terre, de tuiles cassées, d'os, de déblais et de déchets. L'église a sans doute servi de décharge pendant un temps. »
« Mais un autre élément nous a intrigués. Le sol est au même niveau à l'intérieur et à l'extérieur. Par conséquent, le tertre sur lequel elle se dresse est-il naturel, s'interroge Ludovic Soler ? Je pense que non puisque nous avons la preuve, avec la base des piliers, que le sol a été rehaussé. De la terre a dû être apportée contre le lieu saint. Le tertre s'appuie donc contre l'église, et non l'inverse. Je suis sûr que si nous creusions autour de l'église, nous retrouverions des vestiges architecturaux et le cimetière.
« Au début du XVIIe siècle, l'église a été reconstruite et largement modifiée, reprend l'archéologue. Au XVe siècle, Saint-Pierre-ès-Liens était fortifiée. Elle avait une tour carrée au sud, qui abritait la cloche. Denis Briand, qui s'occupe de l'association angoulinoise Expression-Hist, devrait bientôt proposer une reconstitution de l'église. Mais au XVIIe siècle, cette tour a été démontée et la cloche déplacée à l'ouest, au-dessus de l'actuelle porte de la basse église. À la place de la tour, les bâtisseurs ont percé la porte sud, par laquelle les paroissiens entrent depuis trois-cents ans. Du coup, la basse église a été abandonnée comme entrée et elle est devenue un lieu de sépulture.
Un squelette retrouvé
« Nous avons retrouvé un squelette. L'étude stratigraphique démontre que la tombe a été creusée dans le remblai. Elle date donc du début du XVIIe siècle. Une dent a été prélevée pour datation, nous aurons les résultats fin mars. Cependant, des écrits mentionnent que plusieurs sépultures ont trouvé place dans la basse église. Mais seule, une fouille plus approfondie permettrait de les localiser. » 

par Olivier Guérin

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