L’aveu et dénombrement de la seigneurie du Pont de la Pierre à Angoulins (par Denis Briand)

Un jour de février, alors que j’effectuais le dépouillement d’une liasse d’un notaire rochelais déposée aux archives départementales, je fus étonné de dénicher un important document dont personne n’avait encore jamais publié la teneur : l’aveu et dénombrement de la seigneurie du Pont de la Pierre. Avec cette déclaration, j’ai pu reconstituer l’étendue de la censive et les revenus de la seigneurie du Pont de la Pierre.
Cette découverte inédite venait, de plus, compléter les lacunes de l’excellent historique qu’avait auparavant dressé Jean Joguet.
Le document présente Messire Jacques Maynard chevalier baron de Sainte-Flaive, seigneur de Saint-Savin, Saint-Gilles et autres lieux, lequel reconnaît et confesse tenir de Messire Jules de Gabaret, seigneur de la châtellenie d’Angoulins, un ensemble de domaines. Ces derniers composent la terre et seigneurie du Pont de la Pierre assis en l’étendue de la paroisse d’Angoulins. Voici en quoi ils consistent :
Tout d’abord, nous trouvons une maison noble, située à l’emplacement qu’on lui connaît encore aujourd’hui, où se trouvent une maison, des granges, un treuil, des celliers, des écuries, des greniers, une cour, un jardin, le renclos, ainsi qu’une fuie (pigeonnier), le tout est enclos de murailles et de fossés. 
Le seigneur déclare aussi la garenne et le moulin à vent proche de la dite maison, lequel existe d’ailleurs toujours.
Les terres en propre consistent en 6 quartiers et demi de vigne en deux pièces, accompagnées de 60 journaux de terre labourable. L’ensemble est situé au-dedans du fief du Russon et près le dit moulin hors le renclos de la dite maison.
Le seigneur reconnaît encore la rente de 30 boisseaux de froment, 12 boisseaux d’avoine (mesure de La Jarrie), 6 chapons ainsi que le dixain (la dixième partie) des fruits qui croissent sur les appartenances du Grain du Ché. Il s’agit là d’une importante exploitation agricole aujourd’hui entièrement disparue qui se localisait en bordure du marais sur le bas du versant du promontoire du Chay (Cette métairie est citée pour la première fois dans une baillette passée entre Jean Berne, ancien seigneur d’Angoulins et Vincent Charles le 23/12/1629. Notons que ces domaines ont été exilés à la dite maison et seigneurie du Pont de la Pierre faute de paiement des arrérages de la dite rente et qu’ils sont apparemment ruinés dès le milieu du XVIIIe siècle).
Côté marais salants, outre les appartenances et dépendances du marais gât ruiné appelé La Planche, qui relèvent aussi du pont de la Pierre, Jacques Maynard déclare le revenu d’un tiers du sel qui se lève sur deux livres quatorze aires de marais salants appartenant aux héritiers de Jean Pinsard avec la faculté de les retirer pour la somme de 500 livres.
Dépendent de la seigneurie, les droits et émoluments sur le fief du Russon, qui jouxte la maison noble et aussi sur celui dit de Bouchaux, en somme toutes les terres comprises entre le Pont de la Pierre et le chemin de la Vanelle (actuelle avenue Edmond Grasset) et bordées côté Est par le chemin qui va du moulin du Pont de la Pierre à l’ancienne maison noble des Tourettes (c’est à dire l’actuel chemin de Toucharé) et au Nord par le petit chemin qui relie Puydoux au Pont de la Pierre. Plus, le fief de Patarin confrontant d’une part au grand chemin qui conduit du Pont de la Pierre à Angoulins, d’autre à la pré sallée du Pont de la Pierre, le chemin entre deux et d’autre aux marais salants et Platière d’Angoulins. Et encore, le fief de La Montre, confrontant d’une part au dit fief Patarain, le chemin entre deux, d’autre au grand chemin qui conduit du dit moulin aux Tourettes, d’autre à un chemin qui conduit du dit lieu des Tourettes aux Platières d’Angoulins, allant joindre le dit grand chemin qui sépare les deux fiefs de la Montre d’avec le fief Patarin.
Notons qu’il est aussi compris avec ce fief dit de La Montre, le Clos de Begain qui semble être une terre renfermée de fossés et apparemment située hors des confrontations énoncées ci-dessus.
Le seigneur jouit encore de la propriété  d’une pièce de pré appelée La Grande Prée douce, d’une superficie de 18 journaux, toute renfermée de fossés et tenant d’un bout au canal public (canal de Vuhé passant sous le pont de la Pierre) ; de la prée Neuve avec quatre carreaux, ceinture, levée et fossés et qui représente onze journaux ; d’une autre prée appelée la prée Salée toute proche de la maison noble et qui contient 8 journaux ; de marais salants contenant 5 livres dits marais de Cassejambe et Petit Marais avec leurs appartenances de bosses, bossis ou jards, conches, vivières et autres dépendances ; deux journaux de sable entre les marais et le canal (laquelle sablière, très bien documentée par ailleurs fera l’objet d’un prochain article) ;  d’autres sables, engatis, sartières et platières proches de la côte ; la moitié d’un marais rouchain (marais où poussent des rouches) et à pacage situé près de la maison du Pont de la Pierre.
Sont aussi reconnus les cens suivants : 38 sols 6 deniers dus sur des marais près la maison du Pont de la Pierre ; 5 sols dus sur une prée joignant la dite Grande Pré Douce et la dite Prée Neuve ; 12 deniers dus sur des marais proches de Puydoux.
Enfin sont déclarés une pipe de vin de rente en fûts neufs due par chaque année à la fête de Saint-Martin par le seigneur Monmorillon à cause du bois des Rouhaux sis en la paroisse d’Aytré ; le surplus de ce qui est au dit seigneur d’Angoulins dans le fief vulgairement appelé Du Denier d’Or appartenances et dépendances tant en fiefs qu’en domaines outre les choses ci-dessus spécifiées et confrontées,
L’acte conclut que tous lesquels domaines et choses ci-dessus qui sont situés en la dite châtellenie d’Angoulins au seigneur de Sainte-Flaive, au dit nom, reconnaît et avoue tenir en tous droits de juridiction haute moyenne et basse et exercice d’icelle, cens, rentes, terrages, complant, ventes et honneurs, pêche à la mer et au dit platin de foi et hommage plein de la dite châtellenie d’Angoulins au devoir d’une paire d’éperons dorés à prières à 30 sols payables à mutation de vassal seulement pour tout devoir,
A noter qu’il relève aussi d’autres domaines et droits hors de la paroisse d’Angoulins, mais que les fois et hommages en doivent être faits au sieur Baron de Châtelaillon, seigneur châtelain de la Salle d’Aytré, et autres... 

par Denis Briand





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