La veille du jour de Noël 1752,
le curé d'Angoulins Jean-Baptiste Pinet décède dans la maison curiale. Deux
jours plus tard, sa sépulture à peine effectuée, s'organise aussitôt l'arrivée
de son successeur. C'est autour de ce décès que nous avons pu retrouver divers
documents relatifs au déroulement de cette succession : testament et codicille,
inventaire après décès, prise de possession de la cure, diverses formalités effectuées par le nouveau
curé, etc. nous éclairent sur cette transition qui constitue un événement important
dans la vie d'une paroisse d’Aunis au XVIIIe siècle.
Dernières volontés et sépulture du curé Jean-Baptiste Pinet
Le 29 mai 1736, Jean Baptiste
Pinet (1694-1752) devient curé de la paroisse d'Angoulins à l'âge de 42 ans succédant
alors à Jacques Chauvet (1673-1736, ministère à Angoulins de 1708 à 1736). De
sa prise de possession, relatée par le notaire Joseph Decomps, à son décès,
s'écoulent ainsi près de vingt-six années. Le 18 décembre 1752, il signe son
dernier acte dans les registres paroissiaux : l'enterrement du saunier Etienne
Simon. En effet, le 22 décembre l'acte d'inhumation de Louis Gaillard n'est pas
signé de lui laissant ainsi penser que le curé est souffrant. Le 26 décembre
1752, il est inhumé dans l'église Saint-Pierre d'Angoulins (il était décédé du
24 précédent). Son acte de décès ne relate que très succinctement sa sépulture :
« Le vingt-sixième décembre 1752 par
moi curé de La Jarrie soussigné a été inhumé au devant la porte principale de
cette église le corps de messire Jean Bapstite Pinet prêtre curé de cette
paroisse décédé le vingt-quatre de ce mois après avoir reçu les sacrements âgé
de près de cinquante huit ans auquel enterrement ont assisté messieurs les
curés et vicaires de la conférence de La Jarrie et autres soussignés »[1]
. Le même jour[2] l’évêque
de La Rochelle accorde les lettres de provisions de la cure à son successeur.
L'acte de dépôt[3]
de son testament olographe est effectué dans les jours qui suivent et nous
permet de prendre connaissance des dernières volontés du curé. Celles-ci ont
été rédigées en juin 1731, alors qu'il était prêtre-vicaire de Notre-Dame de La
Rochelle, et amendées par codicille en juillet 1737 « Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit et outre ce que la foi
m'apprend de la certitude de la mort et de l'incertitude de l'heure qu'elle
doit venir pour chacun de nous, l'expérience que me donnent les fonctions de
mon ministère me le fait voir si clairement que je ne puis différer plus
longtemps de mettre ordre à ce que je n'en sois pas surpris avant d'avoir fait
une disposition de ce que je veux qui soit fait après mon décès. C'est pourquoi
j'écris en ce jour et an ci bas nommés mon testament olographe, jouissant par
la grâce de Dieu d'une assez bonne santé, sain d'esprit, de mémoire et
d'entendement, et voici l'ordre que je veux qu'il ait.
Premièrement, comme chrétien je recommande mon âme lorsqu'elle sera
séparée de mon corps à Dieu le père tout puissant, à Jésus Christ notre sauveur
et médiateur et au Saint-Esprit, à la Glorieuse Vierge Marie et à tous les
Saints et Saintes du Paradis, les priant d'être mes intercesseurs envers Dieu
pour obtenir de la miséricorde, la rémission de mes pêchés, et être reçu dans
son royaume par les mérites de la passion de Jésus Christ. Quoique par la grâce
de Dieu j'en ai jamais donné aucun lieu qu'on ait soupçonné ma foi et la
soumission qu'on doit avoir à l'Eglise catholique apostolique et romaine et à
toutes ses décisions, je veux bien qu'on sache que ne m'en étant jamais départi
je ne m'en départ point et ne m'en départirai jamais espérant que mon Dieu me
fera cette Grâce il m'a fait naître dans le sein de son Eglise il m'y fait
vivre il a bien voulu que je fusse quoique très indigne honoré du sacerdoce je
me crois donc d'autant plus obligé de marquer ma soumission à cette bonne mère,
à cette épouse de Jésus Christ et à cette colonne de la vérité contre laquelle
les portes de l'Enfer ne prévaudront jamais quelques efforts que fassent ses
ennemis et quand je dis que je suis soumis à toutes les décisions de l'Eglise,
je veux bien qu'on entende combien je me soumets particulièrement à la
constitution unigenitus quelque grand que soit le nombre de ses adversaires que
j'ai toujours regardé et regarde encore comme des rebelles à l'Eglise et comme
ayant encouru l'excommunication par ce seul fait. Je m'y soumets donc d'esprit
et de cœur et la regarde comme faisant règle de foi à laquelle tout bon
catholique doit se soumettre
Secondement, je veux et ordonne que quand il aura plu à Dieu de me
retirer de ce monde, mon corps soit mis et inhumé à la porte du cimetière de la
paroisse Notre Dame mais hors l'église, sur lequel on mettra une tombe de
pierre.
En troisième, je veux et ordonne que pour tout ce que je pourrais avoir
reçu de tous les honoraires d'enterrements que je crains toujours de recevoir
sans qu'ils soient assez légitimes et quelques fois trop forts, il soit remis
par mon exécuteur testamentaire ci après nommé la somme de 80 livres entre les
mains de mademoiselle Forestier vu le soin qu'elle a particulièrement des
pauvres de cette paroisse que je veux qu’ils profitent de cette somme que je ne
crois pourtant pas absolument devoir quoiqu'il en soit la chose sera exécutée
comme je le marque.
En quatrième lieu, je veux et ordonne qu'il soit remis entre les mains
d'Elizabeth Damour, la somme de 300 livres que je crois lui devoir donner pour
seconder les dernières volontés de mon défunt père qui m'en avait chargé par un
testament qu'il fit avant sa mort, en un mot je veux qu'elle touche cette
somme sans aucune contestation.
En cinquième lieu, je veux et ordonne qu'il soit mis entre les mains de
Monsieur le curé de Laleu la somme de 100 livres qu'il distribuera à ceux de
mes parents du côté maternel qui sont les plus pauvres qui sont dans la dite
paroisse de Laleu.
En sixième lieu, je veux et ordonne que mon exécuteur testamentaire
prenne en main la somme de 60 livres qu'il distribuera peu à peu à mon oncle
Zacharie Pinet qu'il prenne encore en main pareille somme qu'il donnera aussi peu
à peu à son fils Jean Pinet mon cousin germain.
En septième lieu, je veux et ordonne que la valeur de ma montre ou la
montre même soit donnée à mademoiselle Forestier pour quel en fasse tel usage
qu'elle voudra c'est à dire qu'elle appliquera cette charité à qui elle jugera
à propos.
Et pour exécuter et accomplir le contenu dans ce présent mien testament
j'en prie très instamment messire Athanaze Bonvallet prêtre auquel j'ai donné
et donne pouvoir et puissance d'exécuter et accomplir de point en point ce
présent testament selon la forme et teneur et cela dans l'espace de quinze
jours après mon décès sans aucuns retardement ni délai voulant pour cet effet
que tous mes meubles que je lui laisse entre les mains soient estimés et vendus
après ma mort et que ce qui en proviendra soit employé selon mes volontés
marquées dans ce présent testament que si cela ne suffit pas mon dit exécuteur
testamentaire prendra sur le fonds ou au moins sur le revenu du fonds que mes
héritiers ne toucheront point dans quelque saison que ma mort arrive que toutes
mes volontés ne soient exécutées et pour reconnaitre les peines que mon dit
exécuteur testamentaire voudra bien se donner pour le présent mien testament je
lui laisse donne et lègue toute ma bibliothèque en quoi j'entends les
tablettes, les livres et tous les papiers ou cahiers de sermons ou prônes à
condition qu'il acquittera à ma décharge soixante messes que je crains avoir
oublié de dire de plus qu'il en dira cent pour le repos de mon âme et quarante
pour le repos des âmes de mon père, de ma mère et de mon frère, ce qui fait en
tout le nombre de deux cent messes que je lui permets de faire acquitter s'il
ne pouvait pas lui même pourvu qu'il en charge quelque personne de confiance.
Telles sont mes dernières volontés révoquant à cet effet tous autres testaments
qui auraient été faits voulant que celui ci seul soit exécuté selon sa forme et
teneur. Fait à La Rochelle ce deuxième de juin 1731, Pinet prêtre vicaire de
Notre-Dame. »
« Par forme de codicille je révoque le testament ci-dessus et veux
qu'il n'ait aucun effet que pour ce qui regarde le troisième article. Fait à
Angoulins ce cinquième de juillet 1737. Pinet curé d'Angoulins. »
L’inventaire après-décès du curé Jean-Baptiste Pinet
Dès le 3 janvier 1753, c'est le
même notaire apostolique, Jacques Solleau, qui procède à l'inventaire[4]
des 4000 livres de biens mobiliers. La prisée, effectuée à la maison curiale
d’Angoulins, donne un véritable instantané sur la vie matérielle d’un curé de
campagne de l’époque :
Nous pénétrons, tout d’abord, dans
le salon de la maison presbytérale : la pièce est élégamment meublée (table
à pieds tournés en noyer, tapis de cadis vert, cabinet de noyer, dessous de
dressoir, table en sapin avec son pliant et douze chaises foncées de paille). La
décoration, elle, est plutôt sommaire avec un baromètre et un miroir aux murs,
des rideaux de toile rayée à la fenêtre, et une garniture de cheminée composée
de vases de faïence et de quelques verreries (carafe et flacons). Dans
l’armoire nichée dans la cloison, se trouvent des verres de cristal, quelques
fioles, salières, et gobelets de verre. Le curé range là aussi quelques objets
de valeur comme sa canne à poignée d’argent, un chandelier à queue en argent, un
mémoire sur le droit du quarantain du sel, une montre en argent, une corbeille avec
117 livres 13 sols 6 deniers en divers louis d’or, écus et liards. Une
cafetière de faïence (avec un pochon contenant près de quatre livres de café de
Saint-Domingue) et une tabatière d’écaille témoignent quant à elles de la
consommation de produits ultramarins souvent réservés à une élite. Nous
trouvons aussi de la vaisselle d’étain (couteaux, cuillères et fourchettes), de
l’argenterie, ainsi qu’un lot important de linge (comprenant draps de lit,
nappes et serviettes ouvrées et plénières, des coupons et morceaux de
différentes étoffes, ainsi que de nombreux barbuchets, collets et mouchoirs de
poche). Dans le couloir ou « collidor », une armoire renferme de la
vaisselle de faïence (assiettes, bassin à barbe, etc.) et diverses
verreries (flacons à liqueur, verres, bouteilles, etc.). Nous entrons ensuite
dans une autre pièce meublée avec une table en bois exotique, onze chaises dont
cinq à bras, deux guéridons tournés en noyer et qui est richement décorée de tapisseries,
tableaux, miroir et de rideaux à la fenêtre. La cheminée est dotée de sa paire
de chenets, soufflet et de sa garniture de faïenceries (soucoupes et gobelets).
Dans la petite chambre à côté, trônent un joli châlit à quenouille de noyer (bien
garni : lit, traversin, matelas, courtepointe, matelas, couverte), une
table de sapin et ses quatre chaises. Notons la présence de trois autres
tableaux aux murs et de manière anecdotique d’une cuvette et son pot. La
cuisine joignant le salon comporte, table, billot et surtout un grand dressoir
de sapin dans lequel nous remarquons de la vaisselle de terre, de faïence et
d’étain, de l’argenterie (cuillères, fourchettes, cuillères à café etc. pour
plus de 250 livres), ainsi que de nombreux cuivres (chaudrons, poêlonnes,
passettes, friquets, cuillères, poissonnière, tourtière, lèche-frite, bassine,
cloche, réchaud, etc.). La cheminée de la cuisine est pourvue de tout le
matériel nécessaire à la cuisson (tourne-broche, crémaillère, chambrière,
gril, trois pieds etc.). Le réduit attenant sert apparemment de réserve à
nourriture et de débarras : il abrite en effet un ensemble d’objets
hétéroclites (hachereau, casseroles, chaudron, seaux, bassiots,
garde-manger, balances, cage à poule, bariques, tierçon, sac de farine,
vaisselle diverse etc.). La visite se poursuit dans le cellier : ici se
remarquent une vingtaine de barriques de vin, une centaine de bouteilles ainsi
que les objets qui s’y rencontrent habituellement (entonnoir, basse, charnier
etc.). L’inventaire s’effectue ensuite à l’étage, où la première chambre haute
décorée de miroir, tableaux d’estampes et tapisseries, nous livre du mobilier
en noyer (châlit, table, fauteuil, chaises et cabinets). Le linge du curé Pinet
est serré dans le premier cabinet (soutane, chaussons, coiffes de bonnets,
chaussettes, chemises, vestes, mouchoirs de poche etc.), dans le second est
rangé celui de la veuve Goubant[5]
(coiffes et linge de tête, vestes, chemises etc.). Cette chambre est
probablement celle même du curé Pinet puisque nous y trouvons un pupitre à
écrire et les 19 volumes de livres constituant sa bibliothèque. Nous passons
ensuite dans une seconde chambre haute[6]
(présentant elle aussi quelques meubles en noyer), trois petits greniers (le
premier servant à étendre le linge qui y est entassé, le deuxième de chambre à
la servante à en croire la présence d’une couchette et de ses hardes et, le
dernier, de réserve à grains) et enfin dans un corridor où un bahut abrite de
la laine et les perruques du curé. La prisée se poursuit enfin dans les
dépendances : c’est l’occasion de découvrir, la salorge, la boulangerie (avec
maie, tamis, outils, barriques etc.), la basse-cour (où sont quelques objets
comme des basses, bassiots, brouettes etc.) l’écurie (où sont une vache, une
jument et deux chevaux avec leurs harnachements) la grange (avec des tas de bûches,
fagots de sarments, foin et paille etc.), la brûlerie (avec sa chaudière, ses
deux ponnes montées, pièces d’eau de vie etc.), et enfin le cellier (où se
trouvent futailles, barriques de vin, bassiots et basses, enchères ainsi qu’un
treuil à roue avec sa maie et fouloir). L’acte liste enfin différents objets
garnissant la chambre que louait le curé dans la maison de la veuve Millon, paroisse
Saint-Nicolas à La Rochelle, où logeait Jean-Baptiste Pinet lorsqu’il se
rendait en ville.
Nomination du nouveau curé et prise de possession de la cure
Le 4 janvier 1753, après midi,
Jean-Baptiste Isaïe Toutant de Beauregard, prêtre diocésain et curé d'une
petite paroisse poitevine nommée La Pérate[7],
sollicite le notaire afin de prendre possession de la cure de Saint-Pierre
d'Angoulins dont il a été pourvu par l'évêque du diocèse de La Rochelle. Là, « étant au-devant la principale porte et
entrée de l'église paroissiale du dit lieu d'Angoulins, le dit sieur de
Beauregard a remis en mains du dit notaire les provisions accordées par mon dit
Seigneur Evêque de La Rochelle de la dite cure d'Angoulins en date du 26
décembre dernier signées R. de Menou[8]
vicaire général par lesquelles il apparait que le dit sieur de Beauregard a
signé le formulaire d'Alexandre VII contre les cinq propositions de Jansenius[9] en
conséquence desquelles le dit sieur Beauregard a requis que le dit notaire ait
a le mettre présentement en possession personnelle réelle actuelle et
corporelle de la dite cure d'Angoulins fruits et revenus en dépendant en la
manière accoutumée. A quoi satisfaisant le dit sieur Toutant de Beauregard
accompagné du dit notaire et témoins est entré librement dans la dite église
s'est revêtu d'un surplis étole et bonnet carré, a pris de l'eau bénite, en a
présenté aux assistants, est monté au grand autel, y a fait sa prière, a baisé
le dit autel, a fait allumer deux cierges, a ouvert le Saint Tabernacle, a
adoré le très Saint Sacrement, a récité à haute voix du côté de l'Epitre
l'oraison du jour, s'est assis à la place rectorale, est monté en chaire, est
entré dans le confessionnal, s'y est assis, a sonné la cloche, a visité les
fonts baptismaux, est entré dans la sacristie, y a visité les ornements ensuite
le dit sieur Toutant de Beauregard accompagné du dit notaire et témoins est
allé à la maison curiale du dit bourg d'Angoulins, y est entré librement, en a
ouvert et fermé les portes et fenêtres, y a allumé du feu dans la cheminée du
salon en dépendant, est passé dans le jardin aussi en dépendant, y a cassé une
branche d'arbre, et a arraché quelques légumes et a le dit sieur Toutant Beauregard
fait tous les autres actes requis et nécessaires pour prendre ainsi qu'il a
fait les dites présentes possession personnelle réelle actuelle et corporelle
de la dite cure de Saint-Pierre d'Angoulins ensemble de tous les fruits droits
biens domaines et revenus en dépendant sans aucune exception ni réserve tant
ainsi qu'a fait ou a dû faire Messire Jean Pinet prêtre dernier pourvu et
paisible possesseur d'icelle, après quoi le dit sieur Beauregard accompagné comme
dessus est retourné au-devant la principale porte de la dite église où lecture
du présent acte a été donné par le dit notaire a haute et intelligible voix à
ceux qui s'y sont trouvés présents sans qu'il y ait eu aucune opposition ni
empêchement (...) fait et clos le présent acte au-devant la dite église
paroissiale d'Angoulins le jour et an susdits sur les quatre heures de l'après
midi en présence de maitre Louis Lescuyer, procureur fiscal de la châtellenie
du dit lieu demeurant à Saint-Rogatien, d'Etienne Pinet[10]
fabriqueur de la dite paroisse, Nicolas Bertin[11]
saunier et syndic de la dite paroisse témoins requis et appelés et encore en
présence de Jacques Veron[12]
laboureur, André Brochet[13]
laboureur, Jean Daubigeon[14]
aussi laboureur, Laurent Jollet[15]
aussi laboureur, Joseph Brochet[16],
François Chauvet[17]
fils, André Roussier[18],
Jacques Brisson[19]
sacristain de la dite paroisse, tous laboureurs et habitants de la dite
paroisse y demeurant et autres paroissiens » [20]
Remplacement de marguilliers, présentation et prise de possession des
chapellenies
Le 14 janvier 1753 à midi, à
l’issue de la grande messe paroissiale, au-devant de la porte de l’église
s’assemblent curé, marguilliers, bourgeois, manants et habitants. Le curé
« a remontré à l’assemblée qu’il est
nécessaire de nommer de nouveaux marguilliers pour la dite paroisse de
Saint-Pierre d’Angoulins au lieu et place d’Etienne Pinet[21]
laboureur et François Chaigne[22]
aussi laboureur actuellement en charge depuis plus de trois ans »[23].
Le curé requiert alors l’avis de l’assemblée tout en remerciant « les dits Pinet et Chaigne des peines
et soins qu’ils ont pris pour la gestion et administration des biens et revenus
de la fabrique de la dite paroisse pendant le temps qu’ils ont été en
charge ». L’assemblée procède enfin à une nouvelle élection qui d’une
voix unanime « a nommé et
continué le dit Etienne Pinet et au lieu et place du dit François Chaigne la
personne d’Etienne Cochet[24]
laboureur pour marguilliers et fabriqueurs de la dite paroisse ».
Fraichement élus depuis quelques
heures[25],
Etienne Pinet et Etienne Cochet, en leur qualité de marguilliers-fabriqueurs en charge de la
paroisse, se doivent de présenter « les
chapelles ou chapellenies des Rigauds et des Forestiers fondées et desservies
dans l’église paroissiale du dit lieu d’Angoulins »[26].
Ils déclarent alors que les deux entités « se trouvent présentement vacantes par le décès de Messire Jean Pinet
prêtre curé de la dite paroisse d’Angoulins dernier pourvu et paisible
possesseur des dites deux chapelles ». Par l’acte effectué devant
notaire, ils « nomment et présentent
à Monsieur l’illustrissime et révérendissime évêque de La Rochelle collateur
des dites deux chapellenies, la personne de Messire Jean-Baptiste Isaye Toutant
de Beauregard prêtre curé de la dite paroisse de Saint-Pierre d’Angoulins comme
capable et suffisant de bien et dument posséder et desservir les dites deux
chapelles, suppliant et requérant avec tout respect Monseigneur Evêque ou
messieurs ses vicaires généraux d’en accorder au dit sieur Toutant de
Beauregard toutes lettres et provisions requises et nécessaires pour par lui en
vertu d’icelles en pouvoir prendre possession réelle actuelle et corporelle et
en jouir ainsi qu’on fait ou dû faire les derniers titulaires d’icelles, droits
fruits, biens, et revenus en dépendant »
Il faut attendre le 8 juillet
1753 pour que le curé prenne possession des deux chapelles[27].
L’acte que nous avons retrouvé nous raconte comment s’est passé le
cérémonial : le curé Toutant de Beauregard, alors pourvu des chapelles des
Rigauds et des Fourestiers fondées et desservies dans l’église paroissiale
requiert le notaire qui se transporte « au dit lieu d’Angoulins où étant au devant la grande porte et
principale entrée de l’église (...) le dit sieur Toutant de Beauregard a
représenté et mis en mains du dit notaire l’acte de présentation faite en sa
faveur des dites chapellenies des Rigauds et Fourestiers par les fabriqueurs en
charge de l’église paroissiale (...) ensemble les provisions accordées sur
icelles (...) le quatre juin dernier (...) en conséquence desquelles pièces il
a requis que le dit notaire ait à le mettre présentement en possession
personnelle, réelle, actuelle et corporelle des dites chapelles en la manière
accoutumée, à quoi satisfaisant le dit sieur Toutant de Beauregard accompagné
des dits notaire et témoins est entré librement dans l’église paroissiale du
dit bourg d’Angoulins par la grande porte et principale entrée d’icelle, s’est
revêtu d’un surplis étole et bonnet carré, a fait l’aspersion de l’eau bénite,
s’est mis à genoux aux marches du grand autel, y a fait sa prière, a baisé
l’autel, a ouvert le missel du côté de l’Epitre, y a récité l’oraison du jour,
a sonné la cloche et a fait tous les autres actes requis et nécessaires (...) ».
Le curé se met ainsi en possession des deux chapelles ainsi que des droits,
fruits, biens, revenus et domaines qui en dépendent. Après lecture « à haute et intelligible voix à ceux qui s’y
sont trouvés présents[28]
sans qu’il y ait aucune opposition ni empêchement » le notaire donne
acte au curé.
Au mois d’août suivant le nouveau curé fini de régler
son arrivée en résignant l’ancienne cure dont il était titulaire[29]
et en réglant aussi quelques litiges judiciaires avec les héritiers du curé
Pinet[30]
en lien avec la maison presbytérale.
[1] BMS
1750-1760, collection communale, vue 31/95 ; BMS 1737-1792, collection du
greffe, vue 124/356 (Nota : l'acte ne figure pas dans l'ordre
chronologique de l'année mais au verso du premier feuillet du registre de
1752.)
[2] ADCM,
Notaire Solleau, 3E 1958, Prise de possession de la cure - Notre
référence : EH 4388.
[3] ADCM,
Notaire Solleau, 3E 1958, Testament de Jean Pinet des 1er et 2 juin 1731 et
codicille du 5 juillet 1737 - Notre référence : EH 4390.
[4] ADCM,
Notaire Solleau, 3E 1958, Inventaire après le décès de Jean Pinet - Notre
référence : EH 4388.
[5] Il
s’agit de Catherine Loiseau (mariée à Jean Gouband en mai 1722) qui fut la
gouvernante du curé
[6]
probablement la chambre de la gouvernante
[7] La cure
se résignée le 4 août 1753 cf ADCM,
Notaire Solleau, 3E 1958, Résignation de la cure de La Pérate diocèse de
Poitiers - Notre référence : EH 4396.
[8]Augustin-Roch
de Menou de Charnisay, sixième évêque de La Rochelle de 1730 à 1767
[9]
Le formulaire d'Alexandre VII de 1656, (et la bulle Unigenitus du pape Clément
XI de 1713), condamnant le jansénisme est un instrument de lutte contre cette
doctrine que doivent signer les ecclésiastiques. Il est tombé en désuétude mais
réapparait à la fin de La Régence et devient même une loi d'Etat après 1730.
[10] Etienne
Pinet (1702-1761)
[11] Nicolas
Bertin (1700-1763)
[12] Jacques
Veron (1701-1779)
[13] André
Brochet (1703-1764)
[14] Jean
Daubigeon (1678-1755) ou moins sûrement
Jean Daubigeon (1713-1789)
[15] Laurent
Jollet (1689-1765)
[16] Joseph
Brochet (1732-1762)
[17]
François Chauvet (1707-1767)
[18] André
Rouchier (1734-1801)
[19] Jacques
Nicolas Brisson (1707-1770)
[20] ADCM,
Notaire Solleau, 3E 1958, Prise de possession de la cure - Notre
référence : EH 4388.
[21] cf
supra
[22] dates
inconnues
[23] ADCM,
Notaire Solleau, 3E 1958, Nominations de marguilliers - Notre référence :
EH 4391.
[24] Etienne
Cochet (1719-1770)
[25] l’acte est
passé à trois heures de l’après midi
[26] ADCM,
Notaire Solleau, 3E 1958, Présentation des chapelles desservies dans l’église
d’Angoulins - Notre référence : EH 4392.
[27] ADCM,
Notaire Solleau, 3E 1958, Prise de possession des chapelles desservies dans
l’église d’Angoulins - Notre référence : EH 4394.
[28] entre
autres, les témoins sont François Oualle des Marais (1711-1763) bourgeois,
François Chauvet (1707-1767) marchand demeurant à Angoulins, Jean Raby
(1721-1783) sacristain de la paroisse, Jean Girard fils ( ?- ?)
marchand demeurant aussi à Angoulins.
[29] ADCM,
Notaire Solleau, 3E 1958, Résignation de la cure de La Pérate diocèse de
Poitiers - Notre référence : EH 4396.
[30] ADCM,
Notaire Solleau, 3E 1958, Vente et réparations à la cure - Notre
référence : EH 4397.
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