Un exemple de succession de cure dans une paroisse d’Aunis au milieu du XVIIIe siècle : le remplacement du curé d’Angoulins en 1753


La veille du jour de Noël 1752, le curé d'Angoulins Jean-Baptiste Pinet décède dans la maison curiale. Deux jours plus tard, sa sépulture à peine effectuée, s'organise aussitôt l'arrivée de son successeur. C'est autour de ce décès que nous avons pu retrouver divers documents relatifs au déroulement de cette succession : testament et codicille, inventaire après décès, prise de possession de la cure,  diverses formalités effectuées par le nouveau curé, etc. nous éclairent sur cette transition qui constitue un événement important dans la vie d'une paroisse d’Aunis au XVIIIe siècle. 
   
Dernières volontés et sépulture du curé Jean-Baptiste Pinet

Le 29 mai 1736, Jean Baptiste Pinet (1694-1752) devient curé de la paroisse d'Angoulins à l'âge de 42 ans succédant alors à Jacques Chauvet (1673-1736, ministère à Angoulins de 1708 à 1736). De sa prise de possession, relatée par le notaire Joseph Decomps, à son décès, s'écoulent ainsi près de vingt-six années. Le 18 décembre 1752, il signe son dernier acte dans les registres paroissiaux : l'enterrement du saunier Etienne Simon. En effet, le 22 décembre l'acte d'inhumation de Louis Gaillard n'est pas signé de lui laissant ainsi penser que le curé est souffrant. Le 26 décembre 1752, il est inhumé dans l'église Saint-Pierre d'Angoulins (il était décédé du 24 précédent). Son acte de décès ne relate que très succinctement sa sépulture : « Le vingt-sixième décembre 1752 par moi curé de La Jarrie soussigné a été inhumé au devant la porte principale de cette église le corps de messire Jean Bapstite Pinet prêtre curé de cette paroisse décédé le vingt-quatre de ce mois après avoir reçu les sacrements âgé de près de cinquante huit ans auquel enterrement ont assisté messieurs les curés et vicaires de la conférence de La Jarrie et autres soussignés »[1] . Le même jour[2] l’évêque de La Rochelle accorde les lettres de provisions de la cure à son successeur.
L'acte de dépôt[3] de son testament olographe est effectué dans les jours qui suivent et nous permet de prendre connaissance des dernières volontés du curé. Celles-ci ont été rédigées en juin 1731, alors qu'il était prêtre-vicaire de Notre-Dame de La Rochelle, et amendées par codicille en juillet 1737 « Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit et outre ce que la foi m'apprend de la certitude de la mort et de l'incertitude de l'heure qu'elle doit venir pour chacun de nous, l'expérience que me donnent les fonctions de mon ministère me le fait voir si clairement que je ne puis différer plus longtemps de mettre ordre à ce que je n'en sois pas surpris avant d'avoir fait une disposition de ce que je veux qui soit fait après mon décès. C'est pourquoi j'écris en ce jour et an ci bas nommés mon testament olographe, jouissant par la grâce de Dieu d'une assez bonne santé, sain d'esprit, de mémoire et d'entendement, et voici l'ordre que je veux qu'il ait.
Premièrement, comme chrétien je recommande mon âme lorsqu'elle sera séparée de mon corps à Dieu le père tout puissant, à Jésus Christ notre sauveur et médiateur et au Saint-Esprit, à la Glorieuse Vierge Marie et à tous les Saints et Saintes du Paradis, les priant d'être mes intercesseurs envers Dieu pour obtenir de la miséricorde, la rémission de mes pêchés, et être reçu dans son royaume par les mérites de la passion de Jésus Christ. Quoique par la grâce de Dieu j'en ai jamais donné aucun lieu qu'on ait soupçonné ma foi et la soumission qu'on doit avoir à l'Eglise catholique apostolique et romaine et à toutes ses décisions, je veux bien qu'on sache que ne m'en étant jamais départi je ne m'en départ point et ne m'en départirai jamais espérant que mon Dieu me fera cette Grâce il m'a fait naître dans le sein de son Eglise il m'y fait vivre il a bien voulu que je fusse quoique très indigne honoré du sacerdoce je me crois donc d'autant plus obligé de marquer ma soumission à cette bonne mère, à cette épouse de Jésus Christ et à cette colonne de la vérité contre laquelle les portes de l'Enfer ne prévaudront jamais quelques efforts que fassent ses ennemis et quand je dis que je suis soumis à toutes les décisions de l'Eglise, je veux bien qu'on entende combien je me soumets particulièrement à la constitution unigenitus quelque grand que soit le nombre de ses adversaires que j'ai toujours regardé et regarde encore comme des rebelles à l'Eglise et comme ayant encouru l'excommunication par ce seul fait. Je m'y soumets donc d'esprit et de cœur et la regarde comme faisant règle de foi à laquelle tout bon catholique doit se soumettre
Secondement, je veux et ordonne que quand il aura plu à Dieu de me retirer de ce monde, mon corps soit mis et inhumé à la porte du cimetière de la paroisse Notre Dame mais hors l'église, sur lequel on mettra une tombe de pierre.
En troisième, je veux et ordonne que pour tout ce que je pourrais avoir reçu de tous les honoraires d'enterrements que je crains toujours de recevoir sans qu'ils soient assez légitimes et quelques fois trop forts, il soit remis par mon exécuteur testamentaire ci après nommé la somme de 80 livres entre les mains de mademoiselle Forestier vu le soin qu'elle a particulièrement des pauvres de cette paroisse que je veux qu’ils profitent de cette somme que je ne crois pourtant pas absolument devoir quoiqu'il en soit la chose sera exécutée comme je le marque.
En quatrième lieu, je veux et ordonne qu'il soit remis entre les mains d'Elizabeth Damour, la somme de 300 livres que je crois lui devoir donner pour seconder les dernières volontés de mon défunt père qui m'en avait chargé par un testament qu'il fit avant sa mort,  en un mot je veux qu'elle touche cette somme sans aucune contestation.
En cinquième lieu, je veux et ordonne qu'il soit mis entre les mains de Monsieur le curé de Laleu la somme de 100 livres qu'il distribuera à ceux de mes parents du côté maternel qui sont les plus pauvres qui sont dans la dite paroisse de Laleu.
En sixième lieu, je veux et ordonne que mon exécuteur testamentaire prenne en main la somme de 60 livres qu'il distribuera peu à peu à mon oncle Zacharie Pinet qu'il prenne encore en main pareille somme qu'il donnera aussi peu à peu à son fils Jean Pinet mon cousin germain.
En septième lieu, je veux et ordonne que la valeur de ma montre ou la montre même soit donnée à mademoiselle Forestier pour quel en fasse tel usage qu'elle voudra c'est à dire qu'elle appliquera cette charité à qui elle jugera à propos.
Et pour exécuter et accomplir le contenu dans ce présent mien testament j'en prie très instamment messire Athanaze Bonvallet prêtre auquel j'ai donné et donne pouvoir et puissance d'exécuter et accomplir de point en point ce présent testament selon la forme et teneur et cela dans l'espace de quinze jours après mon décès sans aucuns retardement ni délai voulant pour cet effet que tous mes meubles que je lui laisse entre les mains soient estimés et vendus après ma mort et que ce qui en proviendra soit employé selon mes volontés marquées dans ce présent testament que si cela ne suffit pas mon dit exécuteur testamentaire prendra sur le fonds ou au moins sur le revenu du fonds que mes héritiers ne toucheront point dans quelque saison que ma mort arrive que toutes mes volontés ne soient exécutées et pour reconnaitre les peines que mon dit exécuteur testamentaire voudra bien se donner pour le présent mien testament je lui laisse donne et lègue toute ma bibliothèque en quoi j'entends les tablettes, les livres et tous les papiers ou cahiers de sermons ou prônes à condition qu'il acquittera à ma décharge soixante messes que je crains avoir oublié de dire de plus qu'il en dira cent pour le repos de mon âme et quarante pour le repos des âmes de mon père, de ma mère et de mon frère, ce qui fait en tout le nombre de deux cent messes que je lui permets de faire acquitter s'il ne pouvait pas lui même pourvu qu'il en charge quelque personne de confiance. Telles sont mes dernières volontés révoquant à cet effet tous autres testaments qui auraient été faits voulant que celui ci seul soit exécuté selon sa forme et teneur. Fait à La Rochelle ce deuxième de juin 1731, Pinet prêtre vicaire de Notre-Dame. »
« Par forme de codicille je révoque le testament ci-dessus et veux qu'il n'ait aucun effet que pour ce qui regarde le troisième article. Fait à Angoulins ce cinquième de juillet 1737. Pinet curé d'Angoulins. »

L’inventaire après-décès du curé Jean-Baptiste Pinet

Dès le 3 janvier 1753, c'est le même notaire apostolique, Jacques Solleau, qui procède à l'inventaire[4] des 4000 livres de biens mobiliers. La prisée, effectuée à la maison curiale d’Angoulins, donne un véritable instantané sur la vie matérielle d’un curé de campagne de l’époque :
Nous pénétrons, tout d’abord, dans le salon de la maison presbytérale : la pièce est élégamment meublée (table à pieds tournés en noyer, tapis de cadis vert, cabinet de noyer, dessous de dressoir, table en sapin avec son pliant et douze chaises foncées de paille). La décoration, elle, est plutôt sommaire avec un baromètre et un miroir aux murs, des rideaux de toile rayée à la fenêtre, et une garniture de cheminée composée de vases de faïence et de quelques verreries (carafe et flacons). Dans l’armoire nichée dans la cloison, se trouvent des verres de cristal, quelques fioles, salières, et gobelets de verre. Le curé range là aussi quelques objets de valeur comme sa canne à poignée d’argent, un chandelier à queue en argent, un mémoire sur le droit du quarantain du sel, une montre en argent, une corbeille avec 117 livres 13 sols 6 deniers en divers louis d’or, écus et liards. Une cafetière de faïence (avec un pochon contenant près de quatre livres de café de Saint-Domingue) et une tabatière d’écaille témoignent quant à elles de la consommation de produits ultramarins souvent réservés à une élite. Nous trouvons aussi de la vaisselle d’étain (couteaux, cuillères et fourchettes), de l’argenterie, ainsi qu’un lot important de linge (comprenant draps de lit, nappes et serviettes ouvrées et plénières, des coupons et morceaux de différentes étoffes, ainsi que de nombreux barbuchets, collets et mouchoirs de poche). Dans le couloir ou « collidor », une armoire renferme de la vaisselle de faïence (assiettes, bassin à barbe, etc.) et diverses verreries (flacons à liqueur, verres, bouteilles, etc.). Nous entrons ensuite dans une autre pièce meublée avec une table en bois exotique, onze chaises dont cinq à bras, deux guéridons tournés en noyer et qui est richement décorée de tapisseries, tableaux, miroir et de rideaux à la fenêtre. La cheminée est dotée de sa paire de chenets, soufflet et de sa garniture de faïenceries (soucoupes et gobelets). Dans la petite chambre à côté, trônent un joli châlit à quenouille de noyer (bien garni : lit, traversin, matelas, courtepointe, matelas, couverte), une table de sapin et ses quatre chaises. Notons la présence de trois autres tableaux aux murs et de manière anecdotique d’une cuvette et son pot. La cuisine joignant le salon comporte, table, billot et surtout un grand dressoir de sapin dans lequel nous remarquons de la vaisselle de terre, de faïence et d’étain, de l’argenterie (cuillères, fourchettes, cuillères à café etc. pour plus de 250 livres), ainsi que de nombreux cuivres (chaudrons, poêlonnes, passettes, friquets, cuillères, poissonnière, tourtière, lèche-frite, bassine, cloche, réchaud, etc.). La cheminée de la cuisine est pourvue de tout le matériel nécessaire à la cuisson (tourne-broche, crémaillère, chambrière, gril, trois pieds etc.). Le réduit attenant sert apparemment de réserve à nourriture et de débarras : il abrite en effet un ensemble d’objets hétéroclites  (hachereau, casseroles, chaudron, seaux, bassiots, garde-manger, balances, cage à poule, bariques, tierçon, sac de farine, vaisselle diverse etc.). La visite se poursuit dans le cellier : ici se remarquent une vingtaine de barriques de vin, une centaine de bouteilles ainsi que les objets qui s’y rencontrent habituellement (entonnoir, basse, charnier etc.). L’inventaire s’effectue ensuite à l’étage, où la première chambre haute décorée de miroir, tableaux d’estampes et tapisseries, nous livre du mobilier en noyer (châlit, table, fauteuil, chaises et cabinets). Le linge du curé Pinet est serré dans le premier cabinet (soutane, chaussons, coiffes de bonnets, chaussettes, chemises, vestes, mouchoirs de poche etc.), dans le second est rangé celui de la veuve Goubant[5] (coiffes et linge de tête, vestes, chemises etc.). Cette chambre est probablement celle même du curé Pinet puisque nous y trouvons un pupitre à écrire et les 19 volumes de livres constituant sa bibliothèque. Nous passons ensuite dans une seconde chambre haute[6] (présentant elle aussi quelques meubles en noyer), trois petits greniers (le premier servant à étendre le linge qui y est entassé, le deuxième de chambre à la servante à en croire la présence d’une couchette et de ses hardes et, le dernier, de réserve à grains) et enfin dans un corridor où un bahut abrite de la laine et les perruques du curé. La prisée se poursuit enfin dans les dépendances : c’est l’occasion de découvrir, la salorge, la boulangerie (avec maie, tamis, outils, barriques etc.), la basse-cour (où sont quelques objets comme des basses, bassiots, brouettes etc.) l’écurie (où sont une vache, une jument et deux chevaux avec leurs harnachements) la grange (avec des tas de bûches, fagots de sarments, foin et paille etc.), la brûlerie (avec sa chaudière, ses deux ponnes montées, pièces d’eau de vie etc.), et enfin le cellier (où se trouvent futailles, barriques de vin, bassiots et basses, enchères ainsi qu’un treuil à roue avec sa maie et fouloir). L’acte liste enfin différents objets garnissant la chambre que louait le curé dans la maison de la veuve Millon, paroisse Saint-Nicolas à La Rochelle, où logeait Jean-Baptiste Pinet lorsqu’il se rendait en ville.

Nomination du nouveau curé et prise de possession de la cure

Le 4 janvier 1753, après midi, Jean-Baptiste Isaïe Toutant de Beauregard, prêtre diocésain et curé d'une petite paroisse poitevine nommée La Pérate[7], sollicite le notaire afin de prendre possession de la cure de Saint-Pierre d'Angoulins dont il a été pourvu par l'évêque du diocèse de La Rochelle. Là, « étant au-devant la principale porte et entrée de l'église paroissiale du dit lieu d'Angoulins, le dit sieur de Beauregard a remis en mains du dit notaire les provisions accordées par mon dit Seigneur Evêque de La Rochelle de la dite cure d'Angoulins en date du 26 décembre dernier signées R. de Menou[8] vicaire général par lesquelles il apparait que le dit sieur de Beauregard a signé le formulaire d'Alexandre VII contre les cinq propositions de Jansenius[9] en conséquence desquelles le dit sieur Beauregard a requis que le dit notaire ait a le mettre présentement en possession personnelle réelle actuelle et corporelle de la dite cure d'Angoulins fruits et revenus en dépendant en la manière accoutumée. A quoi satisfaisant le dit sieur Toutant de Beauregard accompagné du dit notaire et témoins est entré librement dans la dite église s'est revêtu d'un surplis étole et bonnet carré, a pris de l'eau bénite, en a présenté aux assistants, est monté au grand autel, y a fait sa prière, a baisé le dit autel, a fait allumer deux cierges, a ouvert le Saint Tabernacle, a adoré le très Saint Sacrement, a récité à haute voix du côté de l'Epitre l'oraison du jour, s'est assis à la place rectorale, est monté en chaire, est entré dans le confessionnal, s'y est assis, a sonné la cloche, a visité les fonts baptismaux, est entré dans la sacristie, y a visité les ornements ensuite le dit sieur Toutant de Beauregard accompagné du dit notaire et témoins est allé à la maison curiale du dit bourg d'Angoulins, y est entré librement, en a ouvert et fermé les portes et fenêtres, y a allumé du feu dans la cheminée du salon en dépendant, est passé dans le jardin aussi en dépendant, y a cassé une branche d'arbre, et a arraché quelques légumes et a le dit sieur Toutant Beauregard fait tous les autres actes requis et nécessaires pour prendre ainsi qu'il a fait les dites présentes possession personnelle réelle actuelle et corporelle de la dite cure de Saint-Pierre d'Angoulins ensemble de tous les fruits droits biens domaines et revenus en dépendant sans aucune exception ni réserve tant ainsi qu'a fait ou a dû faire Messire Jean Pinet prêtre dernier pourvu et paisible possesseur d'icelle, après quoi le dit sieur Beauregard accompagné comme dessus est retourné au-devant la principale porte de la dite église où lecture du présent acte a été donné par le dit notaire a haute et intelligible voix à ceux qui s'y sont trouvés présents sans qu'il y ait eu aucune opposition ni empêchement (...) fait et clos le présent acte au-devant la dite église paroissiale d'Angoulins le jour et an susdits sur les quatre heures de l'après midi en présence de maitre Louis Lescuyer, procureur fiscal de la châtellenie du dit lieu demeurant à Saint-Rogatien, d'Etienne Pinet[10] fabriqueur de la dite paroisse, Nicolas Bertin[11] saunier et syndic de la dite paroisse témoins requis et appelés et encore en présence de Jacques Veron[12] laboureur, André Brochet[13] laboureur, Jean Daubigeon[14] aussi laboureur, Laurent Jollet[15] aussi laboureur, Joseph Brochet[16], François Chauvet[17] fils, André Roussier[18], Jacques Brisson[19] sacristain de la dite paroisse, tous laboureurs et habitants de la dite paroisse y demeurant et autres paroissiens » [20]

Remplacement de marguilliers, présentation et prise de possession des chapellenies

Le 14 janvier 1753 à midi, à l’issue de la grande messe paroissiale, au-devant de la porte de l’église s’assemblent curé, marguilliers, bourgeois, manants et habitants. Le curé « a remontré à l’assemblée qu’il est nécessaire de nommer de nouveaux marguilliers pour la dite paroisse de Saint-Pierre d’Angoulins au lieu et place d’Etienne Pinet[21] laboureur et François Chaigne[22] aussi laboureur actuellement en charge depuis plus de trois ans »[23]. Le curé requiert alors l’avis de l’assemblée tout en remerciant « les dits Pinet et Chaigne des peines et soins qu’ils ont pris pour la gestion et administration des biens et revenus de la fabrique de la dite paroisse pendant le temps qu’ils ont été en charge ». L’assemblée procède enfin à une nouvelle élection qui d’une voix unanime  « a nommé et continué le dit Etienne Pinet et au lieu et place du dit François Chaigne la personne d’Etienne Cochet[24] laboureur pour marguilliers et fabriqueurs de la dite paroisse ».
Fraichement élus depuis quelques heures[25], Etienne Pinet et Etienne Cochet, en leur qualité de  marguilliers-fabriqueurs en charge de la paroisse, se doivent de présenter « les chapelles ou chapellenies des Rigauds et des Forestiers fondées et desservies dans l’église paroissiale du dit lieu d’Angoulins »[26]. Ils déclarent alors que les deux entités « se trouvent présentement vacantes par le décès de Messire Jean Pinet prêtre curé de la dite paroisse d’Angoulins dernier pourvu et paisible possesseur des dites deux chapelles ». Par l’acte effectué devant notaire, ils « nomment et présentent à Monsieur l’illustrissime et révérendissime évêque de La Rochelle collateur des dites deux chapellenies, la personne de Messire Jean-Baptiste Isaye Toutant de Beauregard prêtre curé de la dite paroisse de Saint-Pierre d’Angoulins comme capable et suffisant de bien et dument posséder et desservir les dites deux chapelles, suppliant et requérant avec tout respect Monseigneur Evêque ou messieurs ses vicaires généraux d’en accorder au dit sieur Toutant de Beauregard toutes lettres et provisions requises et nécessaires pour par lui en vertu d’icelles en pouvoir prendre possession réelle actuelle et corporelle et en jouir ainsi qu’on fait ou dû faire les derniers titulaires d’icelles, droits fruits, biens, et revenus en dépendant »
Il faut attendre le 8 juillet 1753 pour que le curé prenne possession des deux chapelles[27]. L’acte que nous avons retrouvé nous raconte comment s’est passé le cérémonial : le curé Toutant de Beauregard, alors pourvu des chapelles des Rigauds et des Fourestiers fondées et desservies dans l’église paroissiale requiert le notaire qui se transporte « au dit lieu d’Angoulins où étant au devant la grande porte et principale entrée de l’église (...) le dit sieur Toutant de Beauregard a représenté et mis en mains du dit notaire l’acte de présentation faite en sa faveur des dites chapellenies des Rigauds et Fourestiers par les fabriqueurs en charge de l’église paroissiale (...) ensemble les provisions accordées sur icelles (...) le quatre juin dernier (...) en conséquence desquelles pièces il a requis que le dit notaire ait à le mettre présentement en possession personnelle, réelle, actuelle et corporelle des dites chapelles en la manière accoutumée, à quoi satisfaisant le dit sieur Toutant de Beauregard accompagné des dits notaire et témoins est entré librement dans l’église paroissiale du dit bourg d’Angoulins par la grande porte et principale entrée d’icelle, s’est revêtu d’un surplis étole et bonnet carré, a fait l’aspersion de l’eau bénite, s’est mis à genoux aux marches du grand autel, y a fait sa prière, a baisé l’autel, a ouvert le missel du côté de l’Epitre, y a récité l’oraison du jour, a sonné la cloche et a fait tous les autres actes requis et nécessaires (...) ». Le curé se met ainsi en possession des deux chapelles ainsi que des droits, fruits, biens, revenus et domaines qui en dépendent. Après lecture « à haute et intelligible voix à ceux qui s’y sont trouvés présents[28] sans qu’il y ait aucune opposition ni empêchement » le notaire donne acte au curé.
Au mois d’août suivant le nouveau curé fini de régler son arrivée en résignant l’ancienne cure dont il était titulaire[29] et en réglant aussi quelques litiges judiciaires avec les héritiers du curé Pinet[30] en lien avec la maison presbytérale.






[1] BMS 1750-1760, collection communale, vue 31/95 ; BMS 1737-1792, collection du greffe, vue 124/356 (Nota : l'acte ne figure pas dans l'ordre chronologique de l'année mais au verso du premier feuillet du registre de 1752.)
[2] ADCM, Notaire Solleau, 3E 1958, Prise de possession de la cure - Notre référence : EH 4388.
[3] ADCM, Notaire Solleau, 3E 1958, Testament de Jean Pinet des 1er et 2 juin 1731 et codicille du 5 juillet 1737 - Notre référence : EH 4390.
[4] ADCM, Notaire Solleau, 3E 1958, Inventaire après le décès de Jean Pinet - Notre référence : EH 4388.
[5] Il s’agit de Catherine Loiseau (mariée à Jean Gouband en mai 1722) qui fut la gouvernante du curé
[6] probablement la chambre de la gouvernante
[7] La cure se résignée le  4 août 1753 cf ADCM, Notaire Solleau, 3E 1958, Résignation de la cure de La Pérate diocèse de Poitiers - Notre référence : EH 4396.
[8]Augustin-Roch de Menou de Charnisay, sixième évêque de La Rochelle de 1730 à 1767
[9] Le formulaire d'Alexandre VII de 1656, (et la bulle Unigenitus du pape Clément XI de 1713), condamnant le jansénisme est un instrument de lutte contre cette doctrine que doivent signer les ecclésiastiques. Il est tombé en désuétude mais réapparait à la fin de La Régence et devient même une loi d'Etat après 1730.
[10] Etienne Pinet (1702-1761)
[11] Nicolas Bertin (1700-1763)
[12] Jacques Veron (1701-1779)
[13] André Brochet (1703-1764)
[14] Jean Daubigeon (1678-1755) ou moins sûrement  Jean Daubigeon (1713-1789)
[15] Laurent Jollet (1689-1765)
[16] Joseph Brochet (1732-1762)
[17] François Chauvet (1707-1767)
[18] André Rouchier (1734-1801)
[19] Jacques Nicolas Brisson (1707-1770)
[20] ADCM, Notaire Solleau, 3E 1958, Prise de possession de la cure - Notre référence : EH 4388.
[21] cf supra
[22] dates inconnues
[23] ADCM, Notaire Solleau, 3E 1958, Nominations de marguilliers - Notre référence : EH 4391.
[24] Etienne Cochet (1719-1770)
[25] l’acte est passé à trois heures de l’après midi
[26] ADCM, Notaire Solleau, 3E 1958, Présentation des chapelles desservies dans l’église d’Angoulins - Notre référence : EH 4392.
[27] ADCM, Notaire Solleau, 3E 1958, Prise de possession des chapelles desservies dans l’église d’Angoulins - Notre référence : EH 4394.
[28] entre autres, les témoins sont François Oualle des Marais (1711-1763) bourgeois, François Chauvet (1707-1767) marchand demeurant à Angoulins, Jean Raby (1721-1783) sacristain de la paroisse, Jean Girard fils ( ?- ?) marchand demeurant aussi à Angoulins.
[29] ADCM, Notaire Solleau, 3E 1958, Résignation de la cure de La Pérate diocèse de Poitiers - Notre référence : EH 4396.
[30] ADCM, Notaire Solleau, 3E 1958, Vente et réparations à la cure - Notre référence : EH 4397.

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