Angoulins-Châtelaillon, Traces et vestiges du passé (2006)

Synopsis :
Après le tome “Angoulins, Sites et Monuments”, Denis Briand récidive avec ce nouveau volume, appuyé par des archéologues ou historiens de renom.
L’ouvrage, à la faveur de données inédites, tente d’apporter un éclairage nouveau sur les origines d’Angoulins et de sa voisine Châtelaillon.
Sur la carte vierge, stations préhistoriques, ateliers à sel et habitats gaulois, vestiges gallo-romains, nécropoles médiévales et sites féodaux commencent à dessiner la trame des implantations humaines.
Une synthèse novatrice pour mieux apprécier les traces et vestiges de notre passé.

Préface d'Eric Normand (Service régional de l’archéologie de Poitou-Charentes ; UMR 6223 (Centre d’Études Supérieures de Civilisation Médiévale)) :
Ce deuxième ouvrage est la suite d’une étude patrimoniale sur un secteur géographique un peu méconnu au regard du passé glorieux et tumultueux de la ville de La Rochelle. Les noms des deux communes concernées sont souvent apparus dans les ouvrages d’érudits du XIXe siècle et de la première moitié du siècle suivant au détour de certains épisodes de l’histoire de leur grande voisine, capitale économique et politique de l’Aunis. L’une, Angoulins, appartient à la banlieue de la cité bourgeoise comme l’a démontré dans sa thèse récente Matthias Tranchant. L’autre, Châtelaillon, malgré son passé prestigieux en tant que siège d’une seigneurie thalassocratique puissante, n’est souvent citée dans la tradition locale que par référence à la genèse de la naissance de La Rochelle.
Il est vrai que cette partie du littoral, située entre les marais entourant La Rochelle et ceux annonçant l’estuaire de la Charente paraît secondaire face aux deux pôles et axes économiques de l’Aunis et de la Saintonge voisine. Ce territoire marqué par la présence de la mer et des variations de son niveau peut paraître assez contraignant pour l’occupation humaine ancienne. Un chapitre de l’ouvrage démontre de façon très claire son évolution et les transformations assez marquées de son paysage, conséquence conjuguée de l’évolution du littoral et des phénomènes d’atterrissement successifs qui ont donné son aspect actuel. Malgré tout, ce terroir a été attractif de tout temps pour des raisons diverses toutes liées à cette particularité géographique: espaces marécageux au biotope riche, proximité d’une mer également nourricière et vecteur de communication, pratique salicole,.....
L’actualité récente de l’archéologie a démontré l’attrait qu’ont connu ces territoires depuis la préhistoire. En effet plusieurs fouilles d’archéologie préventive ont permis l’étude de sites d’époque protohistorique à Châtelaillon et Angoulins ainsi qu’une occupation antique à Bongraine, commune d’Aytré. Les résultats de certaines de ces opérations sont d’ailleurs relatés dans cet ouvrage. Cette activité archéologique récente relaie en réalité des découvertes et recherches réalisées il y a aujourd’hui 20 à 30 ans (la villa gallo-romaine des Minimes et celle de Saint-Eloi, la fouille de la nécropole des Boucholeurs à Châtelaillon) et dont les résultats avaient valeur d’informations inédites. Pourtant, l’ancienneté de l’occupation de ces littoraux avait déjà été démontrée ou plutôt suggérée par une multitude de petites découvertes, méticuleusement consignées et/ou publiées par des érudits comme Musset ou l’abbé Mongis il y a maintenant plus de cent ans et plusieurs fois mentionnées dans l’ouvrage de Denis Briand. Cette tradition patrimoniale a perduré jusqu’à nos jours grâce à de nombreux passionnés de l’histoire et de l’archéologie régionale, individus ou regroupés au sein d’associations particulièrement actives à l’image de notre jeune auteur.
Ces différents acteurs contribuent par leurs recherches minutieuses à enrichir un document aujourd’hui institutionnalisé que l’on appelle carte archéologique reconnue par une loi et géré par un service de l’Etat au sein des Directions régionales des affaires culturelles. Ce document, outil à double vocation administrative et scientifique, permet d’avoir une idée du potentiel patrimonial d’un secteur géographique donné et sert à la fois aux chercheurs et aux institutionnels soucieux de concilier aménagement du territoire et préservation du patrimoine archéologique. Cette base de données est alimentée quotidiennement par des découvertes fortuites ou le travail de prospection de nombreux bénévoles.
Et l’ouvrage présenté par Denis Briand est la concrétisation de ce travail de fourmis, souvent ingrat, de collecte d’une multitude d’informations d’origines diverses (prospection terrestre ou aérienne, information orales, recherche documentaire) mais qui mises bout à bout et analysées avec méthode permettent de retracer une histoire vieille parfois de plusieurs siècles voire de millénaires. C’est le cas ici de ce livre. L’auteur ne se dit pas archéologue mais aborde les différents sujets comme un vrai chercheur, avec une certaine prudence, un respect du travail de ses prédécesseurs et arrive à mener une véritable enquête aboutissant à de nouvelles (re)découvertes scientifiques comme la localisation de l’ancienne fouille de Georges Musset au lieu-dit les sables, à la restitution parfois délicate de la topographie du Châtelaillon médiéval. L’aboutissement de ce travail est une véritable oeuvre de vulgarisation, ce qui est indispensable pour une discipline souvent considérée comme accessible seulement à un petit monde d’initiés. On peut se réjouir également de la présence d’articles d’auteurs d’origines diverses (chercheurs institutionnels, archéologues de l’INRAP, archéologues amateurs, historiens) mais dont l’objectif commun est de faire partager au plus grand nombre ce qui est avant tout une véritable passion.

Le mot de Denis Briand :

En abordant l’histoire locale, je m’étonne encore de l’abondance et du potentiel des items informatifs. En brossant un état des lieux, très succinct, dans l’avant-propos de l’ouvrage «Angoulins, sites et monuments» (1), j’évoquais déjà le vertige ressenti face à cette profusion documentaire et aux fonds en tout genre.
Bien résolu à initier un second volume, je m’interrogeai alors sur les origines et le passé lointain d’Angoulins. Mais là, plus question d’attendre de ces précieuses archives, ni même du patrimoine visible ou, encore moins, des données collectées grâce aux souvenirs et à la tradition.
Certaines fois, «c’est au sol qu’il faut demander la connaissance du passé» indiquait Georges Musset (2), il y a plus d’un siècle, dans un de ses écrits. Prenant pour moi ce conseil, j’entrai alors, sans autre détour, dans la sphère de l’archéologie. Cette matière qui, de surcroît, a des finalités communes avec l’histoire dans ce qu’elle apporte à la connaissance du passé, me paraissait très attrayante. Pourtant, je dus très vite me résoudre à freiner mes ardeurs, le sujet s’avérant être une véritable spécialité. Conscient de mes lacunes en la matière, j’ai alors modestement commencé à effleurer la discipline en collectant les mentions qui abondent ça et là, notamment dans les périodiques des sociétés savantes. Je me suis, de la sorte, strictement borné à bâtir une sorte d’inventaire, en reprenant, les découvertes signalées par les archéologues et érudits... De fait, le présent ouvrage est, avant tout, construit sur la solide assise d’occurrences bibliographiques issue de mes divers travaux de dépouillements. Ces derniers bénéficient, en plus, du renfort des recoupements apportés par des états préexistants, bien connus des spécialistes, comme la CAG-17 de Louis Maurin ou des travaux plus spécifiques comme l’inventaire gallo-romain de l’Aunis de Jean Flouret et Jean Métayer, par exemple.
Avec l’étude sérielle de varia ou ponctuelle de rapports, j’entamai donc, une sorte d’état des lieux concernant la commune d’Angoulins et de sa voisine, Châtelaillon, sur le principe d’une carte archéologique.
Par la suite, soucieux d’apporter un réel complément à cet effort d’inventaire, j’ai tenté de dépasser le simple cadre du recueil documentaire en me mettant en rapport avec divers intervenants. C’est ainsi que :
- des archéologues et historiens de renom ont gentiment répondu à toutes mes sollicitations ;
- des institutions ont bienveillamment consenti à m’aiguiller (ADCM, SRA, INRAP, MMCLR) ;
- des conservateurs et responsables de musées (MDOB, MHNLR, SGR, et SAHA) m’ont ouvert vitrines et réserves ;
- et enfin, des particuliers, amoureux de leurs villages respectifs, m’ont confié témoignages (certes souvent sujet à caution) mais aussi et surtout, trouvailles en tous genres.
De la sorte et grâce à tous, j’ai rapidement pu élargir les données de mon bilan liminaire.
À cet important travail de fond, viennent aussi s’ajouter les apports, plus que précieux, de l’archéologie préventive. Bref rappel. À chaque nouvel aménagement (habitation, parking, route ou autre infrastructure) les «vestiges du passé» sont menacés de destruction. C’est la raison pour laquelle l’archéologie moderne s’est dotée de moyens pour remédier à cette menace. En effet, préalablement à ses fonctions de recherche et de conservation, la discipline s’enquiert désormais de la présence, ou non, de vestiges dans les zones sur le point d’être altérées ou détruites (3). Par exemple, vous avez peut-être remarqué dans les dernières années, des sondages effectués sous forme de tranchées à la pelle mécanique, entrepris sur l’emprise de chantiers comme à la Petite Borde à Châtelaillon, sur la butte de Port-Punay ou plus récemment aux Ormeaux à Angoulins. Ces diagnostics ont, pour certains, débouché sur des fouilles à proprement parlé.  Ce fut le cas pour l’établissement protohistorique d’Angoulins ou pour le site néolithique de Châtelaillon. Elles ont abouti, au final, au traitement et formatage des données dans des rapports appelés DFS (Document Final de Synthèse). En raison d’un déficit de financement, c’est souvent à ce document que s’arrête la dimension culturelle - et donc la diffusion des connaissances - de l’archéologie actuelle. Bien que consultables, ces rapports demeurent trop hermétiques pour le grand public. Ceci étant et aux vues des conclusions plus qu’intéressantes qu’ils contiennent, j’ai souhaité intégrer ces DFS -  en des synthèses simplifiées - à ma modeste carte archéologique. La sollicitation fut ainsi favorablement acceptée par Patrick Maguer, Jérôme Rousseau et Stéphane Vacher, archéologues à l’INRAP, responsables de sites fouillés et qui m’ont ainsi fait l’honneur et le plaisir de vous communiquer, en avant-première, des résumés condensés de leurs découvertes. 
Enfin, pour enrichir, un peu plus, toutes ces données ainsi que les quelques pistes interprétatives émises par les archéologues, j’ai tenté d’historier certains des sites en y croisant mes connaissances en histoire locale. Vous le constaterez cet apport est vraiment sensible puisqu’il donne des réponses à des questions soulevées par certaines problématiques de sites. Je pense, pour l’exemple, à mon essai de localisation du château féodal de Châtelaillon, qui, couplé aux découvertes archéologiques, sert une bonne connaissance de la configuration médiévale des lieux.
L’ensemble cognitif est, au final, conforme à mes ambitions, surtout en considération des diverses contraintes, inhérentes ou non à la discipline, auxquelles mon effort fut soumis au fil de son développement. Parmi elles, citons la nécessité évidente de discrétion, afférente à la nature de certaines informations, la disponibilité et le bon vouloir des inventeurs ou propriétaires et, évidemment, le degré d’indigence du terrain et des fouilles entreprises. L’intérêt de cette publication reste donc fonction de tous ces paramètres mais ne saurait, aussi, substituer une fausse image à la réalité du terrain. C’est pourquoi, ce bilan requiert une certaine indulgence à la fois auprès de son lectorat spécialisé - dans le sens où ce travail est celui d’un simple passionné - mais encore à l’égard du grand public qui, pour l’accorder, devra prendre conscience de l’inévitable désenchantement qui dessert l’efficience de cette publication, l’archéologie souffrant, en effet, de la conception caricaturale  (trésors, villes disparues, etc...) qu’elle véhicule, malgré elle, loin de l’humble réalité des mises au jour (tessons, silex, pierres, etc...). À ces lecteurs profanes, il faut aussi avouer un résultat qui n’est pas d’une lecture très reposante. Alors, pour tenter d’y remédier, je suis resté très attentif à l’accessibilité générale de l’ouvrage. Des efforts, tous particuliers, ont été accomplis, dans ce sens, pour répondre à ce déficit :
- il s’agit, en premier lieu et d’un point de vue pratique, d’un sommaire qui adopte une forme synoptique et chronologique, dont les subdivisions correspondent aux différentes civilisations et faciès culturels. Ainsi au fil du texte, le lecteur peut s’y reporter pour mieux se situer temporellement.
- encore, vous remarquerez l’insertion de focus, lexiques ou autres encarts explicatifs qui, éclatés au sein même des articles, tentent d’éclairer et de démêler les sujets abordés.
- de plus, une série de pictogrammes sert de repères tout comme trois cadres récurrents qui ponctuent la publication. (cf ci-contre).
- enfin, j’ai mis l’accent sur l’infographie. Ce choix facilite, je crois, la compréhension générale par une illustration riche en cartes et schémas.
Au bout du compte, ce travail sert, je le souhaite, à mieux comprendre et à apprécier le bruit de fond archéologique de nos deux communes.
Ceci dit, la présentation, l’explication et la situation de toutes ces découvertes, ne sauraient en aucun cas reléguer les obligations, de tout à chacun, en matière de déclaration et de sauvegarde des sites et mobiliers archéologiques, auprès des autorités compétentes. C’est d’ailleurs, rappelons le, une des missions méconnues de l’association Expression-Hist que d’y veiller...
Ainsi présentées et mieux connues, toutes ces richesses, des plus ténues aux plus surprenantes, rendront, je l’espère, le terrain plus favorable à une meilleure attention et préservation des vestiges du passé.

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