Les Seignette de La Rochelle, au
XVIIe siècle, sont une célèbre famille de médecins et d'apothicaires actifs et entreprenants.
Maurice Soenen[1] nous
rappelle que c’est juste après le décès de leur père, Jean II Seignette
(1592-1648), et dans l’officine de celui-ci, que deux frères de cette illustre
famille, Jean III (1623-1663) et Elie (1632-1698), mettent au point, après de
nombreuses expérimentations, un nouveau remède. L’un étudie et l’autre prépare
un composé chimique de tartrate double de sodium et de potassium. « Le sel de Seignette » mis au point,
est alors une simple poudre blanche, d’une saveur un peu amère et salée, soluble
puisqu’elle est à dissoudre dans un liquide ou à diluer dans de l’eau. Ce
composé chimique révolutionne tout bonnement l’usage des médecines et potions à
base de plantes de l’époque. De plus, Olivier Caudron[2],
qui retrace le succès de ce médicament, nous rappelle que le sel de Seignette
est multi-usages (d’où son appellation de sel polychreste) : le médicament
étant en effet un « purgatif,
laxatif, apéritif et diurétique indiqué pour les problèmes digestifs et
intestinaux, les rhumatismes, l'asthme, la goutte, la sciatique, l'hydropisie,
la néphrétique, les rétentions des menstrues, les reflux de bile et les
maladies des vaisseaux spermatiques » ; sans oublier « les vapeurs qui sont portées au cerveau », et donc « les douleurs de tête, vertiges, insomnies,
convulsions, vapeurs mélancoliques et vapeurs hystériques ».
L’invention est ainsi développée par
Elie dans toute la seconde moitié du XVIIe siècle et sa composition transmise à
ses fils. En effet, son testament, en 1698, prend soin de cette transmission et
ce sont Pierre (1660-1719), médecin du frère du Roi, Jean (1667-1744) mais
aussi Elie-Louis (1667-1735) qui sont légataires de la formule. Celle-ci réussit
à être tenue secrète jusqu’en 1731 date à laquelle deux chimistes en percent le
secret.
Pendant les décennies qui précèdent
cette date, le sel de Seignette est contrefait, suite à la révélation publique,
il suscitera alors la concurrence... Malgré ces convoitises, la production et
la vente du véritable sel de Seignette s’effectuent de génération en génération :
le fils de Pierre, Pierre Samuel (1704-1766), « continue de composer et débiter le véritable sel polichreste, ainsi
qu'il l'a toujours fait depuis la mort de son père », tout comme les
enfants d’Elie-Louis, Esther Seignette (1698-1788), marchande droguiste,
préparatrice en pharmacie ou Elie-Louis
(1701-1752).
C’est
dans les mains du fils de ce dernier, Elie
Louis (1742-1805) que nous retrouvons le débit et la fabrication de ce sel chimique
à Angoulins. En ce sens, Maurice Soenen publie, en 1913[3],
une lettre du 11 août 1780, dans laquelle
« un certain M. Bigot, dont j'ignore quelle fut la fonction, adressait
de Paris à M. Dubreuil, greffier de l'Amirauté à La Rochelle, la demande
suivante : Monsieur, Je suis fort fâché
d'être dans le cas de vous importuner pour une commission qu'un de mes amis et
voisins vient de me donner et dont je vous envoye la notte au moyen de
laquelle, fort inutile de vous détailler ce dont il est question, il s'agira,
s'il vous plaist, de donner vos ordres pour qu'on ait à s'y conformer de point
en point et finalement de me faire le plaisir de me marquer votre déboursé pour
la dite commission afin que je vous en remplisse. La notte que je vous envoye
est bien détaillée et je crois que vous conviendrez qu'avec un peu d'attention
il sera facile de l'exécuter... etc. A cette lettre était jointe la note
suivante : Deux livres du véritable Sel
de Seignette. Il faut mettre sur le paquet, ou petite caisse bien conditionnée
en teste PETITS APPARTEMENTS DV ROY ensuite à Monsieur, Monsieur le Baron
Dogny, intendant général des Postes à Paris, et le remettre à M. le directeur
de la Poste aux lettres de La Rochelle. Prière de donner la notte du coût. »
Et Maurice Soenen de rappeler que « Le
Sel Polychreste des Seignette était alors fabriqué à La Rochelle (ou plus
exactement à Angoulins-sur-mer, petite commune voisine de La Rochelle) par un
descendant de l'apothicaire, Elie-Louis Seignette, armateur et maître de la
Monnaie. C'est à lui que M. Dubreuil transmit la demande de son correspondant
parisien. Le préparateur du purgatif chimique exécuta sans retard la commande
qui lui était faite, puis il adressa à M. Dubreuil le billet suivant : J'ai l'honneur de présenter le bonjour à
Monsieur Dubreuil. Sur sa volonté, je lui envoie deux livres de sel et comme je
n'ai pas de boite assez petite pour une aussi petite quantité, j'en ai fait un
paquet bien conditionné qu'il faut recommander au courrier de ne pas exposer à
l'humidité ou contre de la marée. Mon usage constant est de le vendre douze
livres la livre aux apothicaires et droguistes et seize livres aux
consommateurs. Je m'en rapporterai à votre déclaration et choisirai celui du
reçu qui vous conviendra. J'ai l'honneur d'être votre très humble obéissant
serviteur. E.L. Seignette »
Les documents reproduits ci-dessus
prouvent donc bien qu'on faisait encore usage, en 1780, du sel polychreste dans
les appartements du Roi. Par la lettre du préparateur, nous connaissons le prix
de vente de ce sel chimique et nous voyons que celui-ci ne se délivrait plus
exclusivement, comme au temps des créateurs, dans des pochettes contenant une
once du purgatif, mais qu'on le débitait également au poids et par quantités
assez importantes.
Olivier
Caudron relève qu’à « la fin de 1791, Elie Louis sollicite – sans succès –
du comité d'Instruction publique de l'Assemblée nationale législative, le
privilège de la vente exclusive du sel polychreste de son nom. Sur le rapport
de Carnot, le comité présidé par Condorcet a
arrêté qu'il n'y avait lieu à délibérer. En 1797, Elie Louis, après la
faillite de son activité d'armateur, obtient une patente de pharmacien à
Angoulins et l'autorisation d'y tenir un dépôt de sel polychreste. »
Sur les traces de la production de
ce médicament, notre enquête, nous mène donc à Angoulins, dans la maison familiale
où résident Elie-Louis et de sa femme Claire Doublet.
Nous pouvons aujourd’hui vous
présenter quatre documents inédits conservés en collection privée.
Le premier est rédigé à la mort de
Claire Doublet, alors qu’un inventaire des lieux est dressé. Le document liste
les meubles et effets, dettes actives et passives,
titres et papiers de la communauté au printemps 1799 (l'acte est passé du 19 au
26 fructidor de l'an VII)[4].
La prisée nous permet de documenter, avec de nouveaux détails, deux lieux de la
maison. L’un sert au stockage, l’autre, la pharmacie,
à la fabrication proprement dite du sel de Seignette à Angoulins.
Dans le magasin, tout d’abord, qui est un
appartement au derrière le fournil,
le notaire trouve près de 200 kg du médicament (plus de quatre quintaux de sel de Seignette, il
s'agit là du quintal français ancien qui valait 100 livres). Une
telle quantité dans le magasin de la maison d'Angoulins traduit-il une demande
abondante, une surproduction ou bien au contraire un stock s'entassant à cause de
la concurrence et/ou d’un désintérêt envers ce produit à la fin du XVIIIe S. ?
Toujours est-il qu’ils sont répartis en six sacs dans lesquels s'est trouvé
des sels Seignette en fabrication pesant ensemble environ trois quintaux estimé
par les héritiers à soixante quinze centimes la livre soit 225 francs et deux autres sacs de
sel idem plus approché de sa perfection pesant ensemble environ un quintal
estimé par lesdits héritiers Seignette à quatre vingt dix centimes la livre soit
90 francs. Notons qu’il existerait donc, selon les termes
de ces deux items (« en fabrication »
et « plus approché de sa perfection »),
une sorte d'affinage, de maturation, du sel de Seignette.
Encore dans ce magasin, le notaire
observe quatre petits sacs contenant
trente livres crème de tartre estimé comme dessus par lesdits héritiers à
soixante centimes la livre soit 18 francs.
Il s’agit là de l’un des deux ingrédients principaux
de la recette de fabrication : le sel de Seignette s'obtenant par l'action de
la soude sur la crème de tartre (le bitartrate de potasse). La crème de tartre étant
un sous produit de l'industrie vinicole, présente à l'état naturel et en
particulier dans le raisin se cristallise dans les tonneaux de vin pendant
la fermentation du jus de raisin. Cette forme brute est récoltée et purifiée
pour produire une poudre blanche, inodore et acide. On imagine que
l’activité d’Elie Louis d'acquisition systématique de parcelles du vignoble
angoulinois, attestée dans les trois dernières décennies du XVIIIe S., peut
aussi possiblement être mise en relation avec une quelconque volonté de
production, de crème de tartre en plus du vin (Elie Louis faisant ainsi d'une
pierre deux coups).
Concernant la soude employée est-elle une soude
naturelle, végétale ? D'où provient-elle ? Peut-on imaginer une production
personnelle d'Elie Louis telle qu’on en trouve le procédé : après
récolte de varech, séchage au soleil puis brûlage des plantes sur des grilles
et recueil des cendres puis lavage à l’eau des cendres pour en extraire la
fraction soluble (lixiviation) puis filtration puis évaporation de la solution
obtenue, aboutissant à la formation de soude. Les nombreuses charrettes de
varech figurant dans les charges clauses et conditions des baux de la métairie (que
nous prenions habituellement pour de l'engrais destiné à amender les terres)
pourraient avoir eu ici avoir une autre destination...
La prisée révèle ensuite la présence
de vingt sacs de toile tant à grain qu’à
sel estimés 30 francs, servant donc au stockage mais aussi deux boites contenant trois livres de sel
alkali estimées 6 francs et deux
autres boites contenant dix livres de sel Polychreste Seignette estimées 20 francs.
Ce petit magasin est enfin encombré
d’autres objets destinés à la fabrication ou bien qui sont des outils instruments
liés à la métairie mais qui, dans un soucis de description des lieux, sont
rapportés ici : on y trouve en effet un
grand chaudron et une poëlonne de cuivre rouge, un mortier et son pilon de
fonte servant à la fabrication des sels Seignette avec quatre tamis, six rames
de papier idem, le tout estimé 96 francs ; mais aussi sept plateaux de verre et une douzaine de
carreaux idem de différentes grandeurs (18 francs) ; deux cruches de grès,
trois pots à peinture, deux pierres à broyer, deux seaux de faïence dans l’un
desquels est un peu de tabac (7 francs) ; cinq tranches, deux seaux, un
marteau, deux marteaux, un taillefond, trois serpes tailleresses, six
faucilles, une bande de roue à charrette et ses clous (133 francs) ; vingt-sept
bouteilles d’esprit-de-vin (33 francs) ; un vieux bureau servant au
magasin, une table à quatre pieds et son tiroir de bois de sapin, une fiche à
barrer la vigne, trois mauvais fers de versou, deux chenaux de versou, trois
cordes et leurs piquets de fer pour mettre les chevaux au pacage, une romaine
de fer, deux pots de fer blanc à lessive, deux peignes à peigner le lin, deux
mauvais tuyaux de poêle, un vieux tournebroche inserviable, quatre chandeliers
à crochets, deux boguets de marais, une chaîne et ses piquets pour arpenter,
deux douzaines d’emblais de peau à lier les bœufs, plusieurs bouts de corde
goudronnée (90 francs) ; un tas de
ferrailles presque inserviables (30 francs) ; deux vieux jaux de fonte,
une petite sonnette, deux douilles d’entonnoir, un traquenard (6 francs) ;
un couteau à barge, une ferrée de marais (15 francs).
Notons que le notaire signale
l’existence d’un vieux coffre et d’une malle dans lesquels il y a différents
volumes de livres tant reliés que brochés dépareillés de peu de valeur (20 francs)
et également des titres et registres de
commerce et autres papiers inutiles appartenant au citoyen Seignette père.
La visite se poursuit dans le petit appartement servant de
pharmacie de fabrication des sels Seignette, où est inventorié six bailles (trois moyennes et trois petites
dont deux cerclées en fer et les autres en bois), dix huit terrines de grès,
deux pots idem, un tamis, deux petites casseroles, de cuivre rouge une poêlonne
et une cuillère idem, une pelle de fer, un petit jau, un thermomètre, une
mauvaise chaise foncée de paille et quelques terrines cassées, et un petit
baquet cerclé en fer (le tout estimé 54 francs).
Tous ces ustensiles permettent les
étapes successives de chauffe et de purification qui
permettent d'obtenir un produit raffiné homogène, à l'aspect d'une poudre
cristalline, blanche. En effet, le sel de Seignette s’obtient en faisant
bouillir de la crème de tartre (tartrate double ou bitratratre de potasse) avec
du carbonate de soude dissous dans de l’eau ; après filtrations et évaporation à
une chaleur modérée (environ 40°) entre enfin le processus de cristallisation.
Cinq années plus tard, Elie Louis rédige
son fameux testament olographe[5]
que nous avons déjà révélé in extenso
en 2007. Je rappelais, à cette occasion, que le 25 fructidor an XII (11
septembre 1804), il écrivait pour son fils aîné : « Je lui délègue, comme d'usage dans notre famille, la vente et
fabrication du sel de Seignette. Je pense qu'il en trouvera de fabriqué pour le
reste de sa vie. Il doit en payer la valeur à ses cohéritiers sur le prix de 4
francs le kilogramme ».
Peu de temps après, le pharmacien
rend l’âme le 29 avril 1805 et du 16 au 26 prairial an XIII est dressé son inventaire
après décès[6]. Nous
retrouvons la chambre attenante au four
et fournil et derrière icelle servant de magasin dans laquelle se trouvent
alors trente quatre sacs de toile tant à
grains qu’à sel (30 francs), un grand
chaudron et une poêlonne de cuivre rouge, un mortier et son pilon de fonte
servant à la fabrication des sels Seignette, avec quatre tamis, avec deux rames
de papier idem (96 francs)
Observons que quatre rames de papier
ont disparu, indiquant une activité certaine de débit pendant cette période. Il
faut dire, avec Olivier Caudron, que le conditionnement pour la vente du sel de
la Rochelle s'effectue alors « ordinairement dans de petits emballages de
papier, portant le cygne associé par jeu de mots au nom des Seignette, la
devise « Omnia fiunt cum sole et sale
» (Tout vient du soleil et du sel),
un monogramme comportant les initiales des générations successives de
fabricants ». Après la Révolution les emballages portent
alors la mention « Le vrai polychreste du
citoyen Seignette de la Rochelle[7] » »
Par ailleurs, les sacs, en 1805, sont plus nombreux, mais, pour
autant, nous ne pouvons comparer les volumes avec 1799 puisque le notaire indique sans plus de précisions chiffrées « et attendu qu'il est des sels Seignette et
Alkaly dans cet appartement et dans une chambre haute, les parties en ont remis
l'estimation et le poids dans un autre moment qui seront néanmoins portés sous
cet article et après avoir réfléchi les parties et sur la déclaration qu'en a
fait le sieur Gabriel Elie Louis Seignette fils aîné à qui les sels Polychreste
et Alkali lui ont été légués par feu monsieur son père (...) à la charge par
lui d'en tenir compte à ses cohéritiers à raison de quatre francs le kilogramme
que le dit sieur Seignette déclarant ne voulant accepter le legs à lui fait
ainsi qu'il s'en est expliqué les dits comparants se sont concordés à l'effet
de partager entre eux et par huitième partie les dits sels et dans leurs
intérêts respectifs fondé sur ce qu'ils sont qu'ils ne peuvent les vendre en ce
que le pouvoir exclusif qu'en avait feu Monsieur leur père ne peut leur être
dévolu d'après les nouveaux règlements établis par le gouvernement pourquoi ils
emploient en cet endroit les dits sels pour mémoire seulement »
Le magasin recèle encore de tout un
ensemble d’objets hétéroclites semblables à ceux de 1799 : deux cruches de grès, trois pots à peinture,
deux pierres à broyer et leur mollet, deux seaux de faïence dans lesquels il y
a du tabac (7 francs) ; un petit coffre fort, deux seaux, un marteau, une
forge, deux marteaux à battre les seaux, trois serpes tailleresses, cinq
faucilles, quelques vieilles bandes de charrettes qui ont servit à des roues
(24 francs) ; une bouteille
d’esprit-de-vin, une de Beaume du Soleil, un flacon, douze petites burettes
d’encre, quatre bouteilles peintes où est le marc (9 francs) ; un vieux
bureau servant dans le magasin, une fiche à barrer la vigne, quatre mauvais
fers de versou, deux chenaux, deux vieux fers de charrue, un piquet de fer et
ses cordes pour attacher un cheval au pacage, deux peignes à peigner le lin,
deux mauvais tuyaux de poêle, un vieux tourne broche inserviable, deux boguets
de marais, une chaîne et ses piquets pour arpenter, six emblais de peau à lier
les bœufs, deux cordes et des attaches et autres cordes (48 francs) ; un
tas de ferrailles presque inserviable (15 francs) ; deux vieux jaus de
fonte, une petite sonnette, deux douilles d’entonnoir et un traquenard (4
francs) ; un couteau de barge et un à treuillée de fer (9 francs).
Il y a même toujours le vieux coffre et une malle dans laquelle
il y a différents volumes de livres tant reliés que brochés dépareillés de peu
de valeur (dépréciés à 12 francs) avec des
lettres et registres de commerce et autres papiers inutiles qui ne sont pas susceptibles
d’être inventoriés.
La prisée se poursuit ensuite en
passant dans la chambre du fond,
autrefois servant de fruitière, où a été pris par description dix-neuf
terrines à sels Seignette dans lesquelles il ne s’y est rien trouvé (8 francs) ;
une mauvaise table et son pliant, un banc à moule de chandelle avec douze
moules d’étain, un vieux coffre sans couverture, une vieille malle, deux petits
chenets usés (9 francs) ; douze paquets de lin à broyer et deux bernes de
toile (12 francs). Le notaire passe enfin dans la pharmacie ou chambre autrefois servant à la fabrication
des sels Seignette où se trouve l’établi
d’un menuisier avec maints outils propre à la menuiserie appartenant à Elisée (porté
pour mémoire) ainsi qu’une ponne
tombée en botte, propre à la fabrication des sels Seignette, garnie de cinq
cercles de fer, une autre cerclée en bois avec un cercle de fer, trois petits
baquets à oreille de bois de sapin cerclés idem, trois petits chevalets, trois
terrines et un pot de grès, un friquet de cuivre rouge (12 francs).
La vente mobilière[8], qui
se tient dans les jours suivants l’inventaire, nous présente (articles 143,
144, 145, 155 et 160) les objets entrant dans la fabrication du sel de
Seignette mais sous un descriptif un peu différent. C’est pourquoi nous avons aussi choisi de les citer
ici : sont ainsi vendus : un pilon de fonte et son mortier ; les
tamis propre à la fabrication des sels Seignette ; plusieurs rouleaux de
papier à plier les sels Seignette en paquet ; une chaudière et deux
casseroles de cuivre rouge propre à la fabrication des sels ; dix-huit
terrines propres à la fabrication des sels Seignette. Concernant le stock des sels
proprement dits le notaire indique que
les parties ont aussi déclaré avoir partagé les sels Seignette et Alkali dans
leurs intérêts respectifs en avoir formé huit lots qui se réservent le dit
sieur Bonnin de vendre sa huitième partie.
Avec le testament, les deux inventaires et la vente mobilière, nous prenons connaissance, de manière inédite, de l’atelier et du magasin du pharmacien Elie Louis Seignette à Angoulins. Sa production, somme toute artisanale, se faisait donc au moyen de quelques ustensiles qui, considérés avec un œil averti, trahissent bien les étapes de la préparation du produit : le broyage manuel, la phase cuisson, le tamisage, l’emballage.
article de Denis Briand
[1]
Maurice Soenen, La pharmacie à
La Rochelle avant 1803. Les Seignette et le sel polychreste, thèse de
doctorat en pharmacie de l'université de Bordeaux, La Rochelle, 1910
(consultable sur la bibliothèque numérique Gallica) voir aussi Florence ROUCHÉ,
Trois Seignette et le polychreste : histoire du sel de La Rochelle,
thèse de doctorat en Pharmacie, université de Bordeaux II, 1982.
[2] Olivier Caudron, « Découverte
scientifique et succès commercial sous l’Ancien Régime : le “ sel de Seignette
” ou “ sel de La Rochelle ”. » Revue de la Saintonge et de l’Aunis, 2012,
XXXVIII, p. 35-47. (consultable sur la bibliothèque numérique HAL n° 01637906)
[3] Maurice Soenen, « Le sel de Seignette à la
cour de Versailles sous Louis XVI », Bull. de la Société d'histoire de la
pharmacie, n°4, août 1913, p. 49-51 (consultable sur la bibliothèque
numérique Persée).
[4] Inventaire
après décès de Claire Doublet (Archives de l’association Expression-Hist,
EH non coté)
[6] Inventaire après décès d’Elie Louis
Seignette (Archives de l’association Expression-Hist, EH 542)
[8] Vente
mobilière des biens d’Elie Louis Seignette (Archives de l’association
Expression-Hist, EH 517)
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