La pharmacie d’Elie Louis Seignette à Angoulins entre 1799 et 1805 : une visite du magasin et de l’atelier de fabrication du sel polychreste


Les Seignette de La Rochelle, au XVIIe siècle, sont une célèbre famille de médecins et d'apothicaires actifs et entreprenants. Maurice Soenen[1] nous rappelle que c’est juste après le décès de leur père, Jean II Seignette (1592-1648), et dans l’officine de celui-ci, que deux frères de cette illustre famille, Jean III (1623-1663) et Elie (1632-1698), mettent au point, après de nombreuses expérimentations, un nouveau remède. L’un étudie et l’autre prépare un composé chimique de tartrate double de sodium et de potassium. « Le sel de Seignette » mis au point, est alors une simple poudre blanche, d’une saveur un peu amère et salée, soluble puisqu’elle est à dissoudre dans un liquide ou à diluer dans de l’eau. Ce composé chimique révolutionne tout bonnement l’usage des médecines et potions à base de plantes de l’époque. De plus, Olivier Caudron[2], qui retrace le succès de ce médicament, nous rappelle que le sel de Seignette est multi-usages (d’où son appellation de sel polychreste) : le médicament étant en effet un « purgatif, laxatif, apéritif et diurétique indiqué pour les problèmes digestifs et intestinaux, les rhumatismes, l'asthme, la goutte, la sciatique, l'hydropisie, la néphrétique, les rétentions des menstrues, les reflux de bile et les maladies des vaisseaux spermatiques » ; sans oublier « les vapeurs qui sont portées au cerveau », et donc « les douleurs de tête, vertiges, insomnies, convulsions, vapeurs mélancoliques et vapeurs hystériques ».


L’invention est ainsi développée par Elie dans toute la seconde moitié du XVIIe siècle et sa composition transmise à ses fils. En effet, son testament, en 1698, prend soin de cette transmission et ce sont Pierre (1660-1719), médecin du frère du Roi, Jean (1667-1744) mais aussi Elie-Louis (1667-1735) qui sont légataires de la formule. Celle-ci réussit à être tenue secrète jusqu’en 1731 date à laquelle deux chimistes en percent le secret.
Pendant les décennies qui précèdent cette date, le sel de Seignette est contrefait, suite à la révélation publique, il suscitera alors la concurrence... Malgré ces convoitises, la production et la vente du véritable sel de Seignette s’effectuent de génération en génération : le fils de Pierre, Pierre Samuel (1704-1766), « continue de composer et débiter le véritable sel polichreste, ainsi qu'il l'a toujours fait depuis la mort de son père », tout comme les enfants d’Elie-Louis, Esther Seignette (1698-1788), marchande droguiste, préparatrice en pharmacie ou Elie-Louis (1701-1752).
C’est dans les mains du fils de ce dernier, Elie Louis (1742-1805) que nous retrouvons le débit et la fabrication de ce sel chimique à Angoulins. En ce sens, Maurice Soenen publie, en 1913[3], une lettre du 11 août 1780, dans laquelle « un certain M. Bigot, dont j'ignore quelle fut la fonction, adressait de Paris à M. Dubreuil, greffier de l'Amirauté à La Rochelle, la demande suivante : Monsieur, Je suis fort fâché d'être dans le cas de vous importuner pour une commission qu'un de mes amis et voisins vient de me donner et dont je vous envoye la notte au moyen de laquelle, fort inutile de vous détailler ce dont il est question, il s'agira, s'il vous plaist, de donner vos ordres pour qu'on ait à s'y conformer de point en point et finalement de me faire le plaisir de me marquer votre déboursé pour la dite commission afin que je vous en remplisse. La notte que je vous envoye est bien détaillée et je crois que vous conviendrez qu'avec un peu d'attention il sera facile de l'exécuter... etc. A cette lettre était jointe la note suivante : Deux livres du véritable Sel de Seignette. Il faut mettre sur le paquet, ou petite caisse bien conditionnée en teste PETITS APPARTEMENTS DV ROY ensuite à Monsieur, Monsieur le Baron Dogny, intendant général des Postes à Paris, et le remettre à M. le directeur de la Poste aux lettres de La Rochelle. Prière de donner la notte du coût. » Et Maurice Soenen de rappeler que « Le Sel Polychreste des Seignette était alors fabriqué à La Rochelle (ou plus exactement à Angoulins-sur-mer, petite commune voisine de La Rochelle) par un descendant de l'apothicaire, Elie-Louis Seignette, armateur et maître de la Monnaie. C'est à lui que M. Dubreuil transmit la demande de son correspondant parisien. Le préparateur du purgatif chimique exécuta sans retard la commande qui lui était faite, puis il adressa à M. Dubreuil le billet suivant : J'ai l'honneur de présenter le bonjour à Monsieur Dubreuil. Sur sa volonté, je lui envoie deux livres de sel et comme je n'ai pas de boite assez petite pour une aussi petite quantité, j'en ai fait un paquet bien conditionné qu'il faut recommander au courrier de ne pas exposer à l'humidité ou contre de la marée. Mon usage constant est de le vendre douze livres la livre aux apothicaires et droguistes et seize livres aux consommateurs. Je m'en rapporterai à votre déclaration et choisirai celui du reçu qui vous conviendra. J'ai l'honneur d'être votre très humble obéissant serviteur. E.L. Seignette »

Les documents reproduits ci-dessus prouvent donc bien qu'on faisait encore usage, en 1780, du sel polychreste dans les appartements du Roi. Par la lettre du préparateur, nous connaissons le prix de vente de ce sel chimique et nous voyons que celui-ci ne se délivrait plus exclusivement, comme au temps des créateurs, dans des pochettes contenant une once du purgatif, mais qu'on le débitait également au poids et par quantités assez importantes.

Olivier Caudron relève qu’à « la fin de 1791, Elie Louis sollicite – sans succès – du comité d'Instruction publique de l'Assemblée nationale législative, le privilège de la vente exclusive du sel polychreste de son nom. Sur le rapport de Carnot, le comité présidé par Condorcet a arrêté qu'il n'y avait lieu à délibérer. En 1797, Elie Louis, après la faillite de son activité d'armateur, obtient une patente de pharmacien à Angoulins et l'autorisation d'y tenir un dépôt de sel polychreste. »
Sur les traces de la production de ce médicament, notre enquête, nous mène donc à Angoulins, dans la maison familiale où résident Elie-Louis et de sa femme Claire Doublet.
Nous pouvons aujourd’hui vous présenter quatre documents inédits conservés en collection privée.
Le premier est rédigé à la mort de Claire Doublet, alors qu’un inventaire des lieux est dressé. Le document liste les meubles et effets, dettes actives et passives, titres et papiers de la communauté au printemps 1799 (l'acte est passé du 19 au 26 fructidor de l'an VII)[4]. La prisée nous permet de documenter, avec de nouveaux détails, deux lieux de la maison. L’un sert au stockage, l’autre, la pharmacie, à la fabrication proprement dite du sel de Seignette à Angoulins.
Dans le magasin, tout d’abord, qui est un appartement au derrière le fournil, le notaire trouve près de 200 kg du médicament (plus de quatre quintaux de sel de Seignette, il s'agit là du quintal français ancien qui valait 100 livres). Une telle quantité dans le magasin de la maison d'Angoulins traduit-il une demande abondante, une surproduction ou bien au contraire un stock s'entassant à cause de la concurrence et/ou d’un désintérêt envers ce produit à la fin du XVIIIe S. ? Toujours est-il qu’ils sont répartis en six sacs dans lesquels s'est trouvé des sels Seignette en fabrication pesant ensemble environ trois quintaux estimé par les héritiers à soixante quinze centimes la livre soit 225 francs et deux autres sacs de sel idem plus approché de sa perfection pesant ensemble environ un quintal estimé par lesdits héritiers Seignette à quatre vingt dix centimes la livre soit 90 francs. Notons qu’il existerait donc, selon les termes de ces deux items (« en fabrication » et « plus approché de sa perfection »), une sorte d'affinage, de maturation, du sel de Seignette.
Encore dans ce magasin, le notaire observe quatre petits sacs contenant trente livres crème de tartre estimé comme dessus par lesdits héritiers à soixante centimes la livre soit 18 francs. Il s’agit là de l’un des deux ingrédients principaux de la recette de fabrication : le sel de Seignette s'obtenant par l'action de la soude sur la crème de tartre (le bitartrate de potasse). La crème de tartre étant un sous produit de l'industrie vinicole, présente à l'état naturel et en particulier dans le raisin se cristallise dans les tonneaux de vin pendant la fermentation du jus de raisin. Cette forme brute est récoltée et purifiée pour produire une poudre blanche, inodore et acide. On imagine que l’activité d’Elie Louis d'acquisition systématique de parcelles du vignoble angoulinois, attestée dans les trois dernières décennies du XVIIIe S., peut aussi possiblement être mise en relation avec une quelconque volonté de production, de crème de tartre en plus du vin (Elie Louis faisant ainsi d'une pierre deux coups).
Concernant la soude employée est-elle une soude naturelle, végétale ? D'où provient-elle ? Peut-on imaginer une production personnelle d'Elie Louis telle qu’on en trouve le procédé : après récolte de varech, séchage au soleil puis brûlage des plantes sur des grilles et recueil des cendres puis lavage à l’eau des cendres pour en extraire la fraction soluble (lixiviation) puis filtration puis évaporation de la solution obtenue, aboutissant à la formation de soude. Les nombreuses charrettes de varech figurant dans les charges clauses et conditions des baux de la métairie (que nous prenions habituellement pour de l'engrais destiné à amender les terres) pourraient avoir eu ici avoir une autre destination...
La prisée révèle ensuite la présence de vingt sacs de toile tant à grain qu’à sel estimés 30 francs, servant donc au stockage mais aussi deux boites contenant trois livres de sel alkali estimées 6 francs et deux autres boites contenant dix livres de sel Polychreste Seignette estimées 20 francs.             
Ce petit magasin est enfin encombré d’autres objets destinés à la fabrication ou bien qui sont des outils instruments liés à la métairie mais qui, dans un soucis de description des lieux, sont rapportés ici : on y trouve en effet un grand chaudron et une poëlonne de cuivre rouge, un mortier et son pilon de fonte servant à la fabrication des sels Seignette avec quatre tamis, six rames de papier idem, le tout estimé 96 francs ; mais aussi sept plateaux de verre et une douzaine de carreaux idem de différentes grandeurs (18 francs) ; deux cruches de grès, trois pots à peinture, deux pierres à broyer, deux seaux de faïence dans l’un desquels est un peu de tabac (7 francs) ; cinq tranches, deux seaux, un marteau, deux marteaux, un taillefond, trois serpes tailleresses, six faucilles, une bande de roue à charrette et ses clous (133 francs) ; vingt-sept bouteilles d’esprit-de-vin (33 francs) ; un vieux bureau servant au magasin, une table à quatre pieds et son tiroir de bois de sapin, une fiche à barrer la vigne, trois mauvais fers de versou, deux chenaux de versou, trois cordes et leurs piquets de fer pour mettre les chevaux au pacage, une romaine de fer, deux pots de fer blanc à lessive, deux peignes à peigner le lin, deux mauvais tuyaux de poêle, un vieux tournebroche inserviable, quatre chandeliers à crochets, deux boguets de marais, une chaîne et ses piquets pour arpenter, deux douzaines d’emblais de peau à lier les bœufs, plusieurs bouts de corde goudronnée  (90 francs) ; un tas de ferrailles presque inserviables (30 francs) ; deux vieux jaux de fonte, une petite sonnette, deux douilles d’entonnoir, un traquenard (6 francs) ; un couteau à barge, une ferrée de marais (15 francs).
Notons que le notaire signale l’existence d’un vieux coffre et d’une malle dans lesquels il y a différents volumes de livres tant reliés que brochés dépareillés de peu de valeur (20 francs) et également des titres et registres de commerce et autres papiers inutiles appartenant au citoyen Seignette père.

La visite se poursuit dans le petit appartement servant de pharmacie de fabrication des sels Seignette, où est inventorié six bailles (trois moyennes et trois petites dont deux cerclées en fer et les autres en bois), dix huit terrines de grès, deux pots idem, un tamis, deux petites casseroles, de cuivre rouge une poêlonne et une cuillère idem, une pelle de fer, un petit jau, un thermomètre, une mauvaise chaise foncée de paille et quelques terrines cassées, et un petit baquet cerclé en fer (le tout estimé 54 francs).

Tous ces ustensiles permettent les étapes successives de chauffe et de purification qui permettent d'obtenir un produit raffiné homogène, à l'aspect d'une poudre cristalline, blanche. En effet, le sel de Seignette s’obtient en faisant bouillir de la crème de tartre (tartrate double ou bitratratre de potasse) avec du carbonate de soude dissous dans de l’eau ; après filtrations et évaporation à une chaleur modérée (environ 40°) entre enfin le processus de cristallisation.  

Cinq années plus tard, Elie Louis rédige son fameux testament olographe[5] que nous avons déjà révélé in extenso en 2007. Je rappelais, à cette occasion, que le 25 fructidor an XII (11 septembre 1804), il écrivait pour son fils aîné : « Je lui délègue, comme d'usage dans notre famille, la vente et fabrication du sel de Seignette. Je pense qu'il en trouvera de fabriqué pour le reste de sa vie. Il doit en payer la valeur à ses cohéritiers sur le prix de 4 francs le kilogramme ». 

Peu de temps après, le pharmacien rend l’âme le 29 avril 1805 et du 16 au 26 prairial an XIII est dressé son inventaire après décès[6].  Nous retrouvons la chambre attenante au four et fournil et derrière icelle servant de magasin dans laquelle se trouvent alors trente quatre sacs de toile tant à grains qu’à sel (30 francs), un grand chaudron et une poêlonne de cuivre rouge, un mortier et son pilon de fonte servant à la fabrication des sels Seignette, avec quatre tamis, avec deux rames de papier idem (96 francs)
Observons que quatre rames de papier ont disparu, indiquant une activité certaine de débit pendant cette période. Il faut dire, avec Olivier Caudron, que le conditionnement pour la vente du sel de la Rochelle s'effectue alors « ordinairement dans de petits emballages de papier, portant le cygne associé par jeu de mots au nom des Seignette, la devise « Omnia fiunt cum sole et sale » (Tout vient du soleil et du sel), un monogramme comportant les initiales des générations successives de fabricants ». Après la Révolution les emballages portent alors la mention « Le vrai polychreste du citoyen Seignette de la Rochelle[7] » »
Par ailleurs, les sacs, en 1805, sont plus nombreux, mais, pour autant, nous ne pouvons comparer les volumes avec 1799 puisque le notaire indique sans plus de précisions chiffrées « et attendu qu'il est des sels Seignette et Alkaly dans cet appartement et dans une chambre haute, les parties en ont remis l'estimation et le poids dans un autre moment qui seront néanmoins portés sous cet article et après avoir réfléchi les parties et sur la déclaration qu'en a fait le sieur Gabriel Elie Louis Seignette fils aîné à qui les sels Polychreste et Alkali lui ont été légués par feu monsieur son père (...) à la charge par lui d'en tenir compte à ses cohéritiers à raison de quatre francs le kilogramme que le dit sieur Seignette déclarant ne voulant accepter le legs à lui fait ainsi qu'il s'en est expliqué les dits comparants se sont concordés à l'effet de partager entre eux et par huitième partie les dits sels et dans leurs intérêts respectifs fondé sur ce qu'ils sont qu'ils ne peuvent les vendre en ce que le pouvoir exclusif qu'en avait feu Monsieur leur père ne peut leur être dévolu d'après les nouveaux règlements établis par le gouvernement pourquoi ils emploient en cet endroit les dits sels pour mémoire seulement »
Le magasin recèle encore de tout un ensemble d’objets hétéroclites semblables à ceux de 1799 : deux cruches de grès, trois pots à peinture, deux pierres à broyer et leur mollet, deux seaux de faïence dans lesquels il y a du tabac (7 francs) ; un petit coffre fort, deux seaux, un marteau, une forge, deux marteaux à battre les seaux, trois serpes tailleresses, cinq faucilles, quelques vieilles bandes de charrettes qui ont servit à des roues (24 francs) ;  une bouteille d’esprit-de-vin, une de Beaume du Soleil, un flacon, douze petites burettes d’encre, quatre bouteilles peintes où est le marc (9 francs) ; un vieux bureau servant dans le magasin, une fiche à barrer la vigne, quatre mauvais fers de versou, deux chenaux, deux vieux fers de charrue, un piquet de fer et ses cordes pour attacher un cheval au pacage, deux peignes à peigner le lin, deux mauvais tuyaux de poêle, un vieux tourne broche inserviable, deux boguets de marais, une chaîne et ses piquets pour arpenter, six emblais de peau à lier les bœufs, deux cordes et des attaches et autres cordes (48 francs) ; un tas de ferrailles presque inserviable (15 francs) ; deux vieux jaus de fonte, une petite sonnette, deux douilles d’entonnoir et un traquenard (4 francs) ; un couteau de barge et un à treuillée de fer (9 francs).
Il y a même toujours le vieux coffre et une malle dans laquelle il y a différents volumes de livres tant reliés que brochés dépareillés de peu de valeur (dépréciés à 12 francs) avec des lettres et registres de commerce et autres papiers inutiles qui ne sont pas susceptibles d’être inventoriés.

La prisée se poursuit ensuite en passant dans la chambre du fond, autrefois servant de fruitière, où a été pris par description dix-neuf terrines à sels Seignette dans lesquelles il ne s’y est rien trouvé (8 francs) ; une mauvaise table et son pliant, un banc à moule de chandelle avec douze moules d’étain, un vieux coffre sans couverture, une vieille malle, deux petits chenets usés (9 francs) ; douze paquets de lin à broyer et deux bernes de toile (12 francs). Le notaire passe enfin dans la pharmacie ou chambre autrefois servant à la fabrication des sels Seignette où se trouve l’établi d’un menuisier avec maints outils propre à la menuiserie appartenant à Elisée (porté pour mémoire) ainsi qu’une ponne tombée en botte, propre à la fabrication des sels Seignette, garnie de cinq cercles de fer, une autre cerclée en bois avec un cercle de fer, trois petits baquets à oreille de bois de sapin cerclés idem, trois petits chevalets, trois terrines et un pot de grès, un friquet de cuivre rouge (12 francs).

La vente mobilière[8], qui se tient dans les jours suivants l’inventaire, nous présente (articles 143, 144, 145, 155 et 160) les objets entrant dans la fabrication du sel de Seignette mais sous un descriptif un peu différent. C’est pourquoi  nous avons aussi choisi de les citer ici : sont ainsi vendus : un pilon de fonte et son mortier ; les tamis propre à la fabrication des sels Seignette ; plusieurs rouleaux de papier à plier les sels Seignette en paquet ; une chaudière et deux casseroles de cuivre rouge propre à la fabrication des sels ; dix-huit terrines propres à la fabrication des sels Seignette. Concernant le stock des sels proprement dits le notaire indique que  les parties ont aussi déclaré avoir partagé les sels Seignette et Alkali dans leurs intérêts respectifs en avoir formé huit lots qui se réservent le dit sieur Bonnin de vendre sa huitième partie.

Avec le testament, les deux inventaires et la vente mobilière, nous prenons connaissance, de manière inédite, de l’atelier et du magasin du pharmacien Elie Louis Seignette à Angoulins. Sa production, somme toute artisanale, se faisait donc au moyen de quelques ustensiles qui, considérés avec un œil averti, trahissent bien les étapes de la préparation du produit : le broyage manuel, la phase cuisson, le tamisage, l’emballage.   




article de Denis Briand





[1] Maurice Soenen, La pharmacie à La Rochelle avant 1803. Les Seignette et le sel polychreste, thèse de doctorat en pharmacie de l'université de Bordeaux, La Rochelle, 1910 (consultable sur la bibliothèque numérique Gallica) voir aussi Florence ROUCHÉ, Trois Seignette et le polychreste : histoire du sel de La Rochelle, thèse de doctorat en Pharmacie, université de Bordeaux II, 1982.
[2] Olivier Caudron, « Découverte scientifique et succès commercial sous l’Ancien Régime : le “ sel de Seignette ” ou “ sel de La Rochelle ”. » Revue de la Saintonge et de l’Aunis, 2012, XXXVIII, p. 35-47. ‌(consultable sur la bibliothèque numérique HAL n° 01637906‌)
[3] Maurice Soenen, « Le sel de Seignette à la cour de Versailles sous Louis XVI », Bull. de la Société d'histoire de la pharmacie, n°4, août 1913, p. 49-51 (consultable sur la bibliothèque numérique Persée).
[4] Inventaire après décès de Claire Doublet (Archives de l’association Expression-Hist, EH  non coté)
[5] Testament olographe d’Elie Louis Seignette (Archives de l’association Expression-Hist, EH  541)
[6]  Inventaire après décès d’Elie Louis Seignette (Archives de l’association Expression-Hist, EH  542)
[7]  Collection Dominique Fontaine et Musée d’Orbigny Bernon
[8] Vente mobilière des biens d’Elie Louis Seignette (Archives de l’association Expression-Hist, EH  517)


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire