Un exemple du droit de gésine à Angoulins (1764)


Dans l'ancien droit français, étaient appelés frais de gésine, les frais qui étaient dédiés aux soins de l'accouchée et aux premiers secours de l'enfant à naître. Cela devenait surtout un droit adjugé à une fille ou à une veuve, contre l’homme dont elles se déclaraient grosses. Les pères naturels taisaient de la sorte leurs écarts en payant celui-ci ainsi que divers autres dommages et intérêts. Un acte notarié[1] du 12 août 1764 passé au château d’Angoulins, l’illustre.
C’est ainsi que nous découvrons Pierre Barré, un marchand au bourg, qui reconnait avoir volontairement avoir profité de la faiblesse de sa servante. En recherchant dans nos archives, nous découvrons qu’il est brûleur tonnelier, âgé d’une trentaine d’années et surtout, marié, depuis le 25 juillet 1756, à Madeleine Désiré (1728-1783). Par cet acte, Pierre Barré (1734-1778) souhaite alors éviter l’action criminelle que sa domestique veut intenter contre lui à cause qu’elle se trouve grosse et enceinte de cinq mois des œuvres du dit Barré. Elle, c’est Françoise Trouvé, une fille majeure de 25 ans, native du bourg de Saint-Savin en Haut-Poitou. Elle fait valoir ses droits ne voulant pas s’exposer de crainte d’accident, elle se trouve hors d’état de travailler pour gagner sa vie. Les deux protagonistes s’accordent à l’amiable et le marchand (qui, devant témoins, convient l’avoir abusée) consent à payer une somme de 60 livres pour lui fournir le logement et les aliments nécessaires jusqu’à son accouchement et ensuite lui payer ses droits de gésine, dommages et intérêts et se charger de l’enfant dont elle se trouve grosse après qu’elle en sera délivrée et de le faire nourrir et élever. Françoise Trouvé accepte de prendre, recevoir et se contenter de cette somme, en tient bien et valablement quitte le dit Barré en le déchargeant et lui promet de ne plus jamais rien demander directement ou indirectement.
Les témoins de cet accord sont François Chauvet l’ainé (1707-1767), un saunier et marchand-brûleur lui aussi, chez qui la domestique est hébergée, ainsi qu’Etienne Cochet (1719-1770), qui est également tonnelier brûleur mais aussi aubergiste.
Nous n’avons pas retrouvé le baptême de cet enfant illégitime dans les mois qui suivent dans les registres paroissiaux d’Angoulins ce qui nous laisse penser que la jeune domestique a sans doute quitté la paroisse suite à cette affaire...



Note de Denis Briand




[1] Acte en collection privée, notre référence EH 385

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